Réduire les fractures numérique et sociale
Garantir à tous les Français l’accès à un débit Internet performant devient essentiel. Mais cela ne suffit pas, un accompagnement des publics les plus fragiles s’impose.
Rendre les services publics plus performants pour tous grâce au numérique suppose que soit surmonté un obstacle de taille : la fracture numérique, qui crée des disparités entre des territoires plus ou moins bien couverts par les réseaux des différents opérateurs télécoms.
Quelque 7,5 millions de Français ne seraient pas encore éligibles à un Internet de qualité, soit un débit théorique supérieur à 3 Mégabits par seconde (Mbit/s) selon les chiffres publiés par UFC Que Choisir.
Conscient du problème, le gouvernement a dressé une feuille de route pour que tous les Français bénéficient d’un accès à un bon débit (8 Mbit/s) dès 2020, à un très haut débit (30 Mbit/s) en 2022 et à la fibre (jusqu’à 1 gigabit par seconde) en 2025.
19% des Français réclament un accompagnement numérique.
Réaliste ? « Le rythme actuel de déploiement des réseaux ne permettra pas d’atteindre une couverture en très haut débit avant 2035. Même avec des efforts supplémentaires d’investissement, 2022 reste un objectif chimérique », estime UFC Que Choisir.
Si les opérateurs sont prêts à accélérer sur le haut débit, ils restent réservés quant à la possibilité de rendre accessible la fibre à tous les Français à l’horizon 2022.
Pour aider les usagers à identifier le meilleur réseau mobile le plus proche d’eux, l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) a lancé en septembre dernier Monreseaumobile.fr. Ce comparateur permet de rechercher, grâce à des cartes interactives, si la 3G ou la 4G sont disponibles près de chez soi ou de son bureau.
Mettre en place un accompagnement
Tous les Français ne sont pas à l’aise avec Internet. C’est le cas de certaines personnes âgées, des illettrés, de certains jeunes ou encore de certaines personnes handicapées.
La république inclusive, appelée de ses vœux par le président de la République, suppose de ne laisser personne sur le bord du chemin.
Or, selon le baromètre 2016 de l’Arcep, près de 14% de la population française se dit dans l’incapacité de déclarer ses revenus en ligne, de télécharger ou remplir un formulaire en ligne ou encore d’obtenir des informations diverses sur Internet. Et 19% de nos concitoyens déclarent avoir besoin d’un accompagnement de la part des pouvoirs publics pour se familiariser avec la dématérialisation.
Dans son rapport 2016, le Défenseur des droits regrette qu’une partie des gains procurés par la dématérialisation ne soit pas orientée vers ce besoin.
Quant au rapport de Luc Belot sur la smart city, il suggère l’installation par les collectivités de bornes d’accès à Internet dans différents points de la ville ainsi que la mise en place d’un accompagnement des usagers dans certains lieux.
Christiane Navas
Emmaüs Connect contre l’« illectronisme »
Depuis 2013, Emmaüs Connect a accompagné plus de 30 000 personnes en difficulté numérique dans les locaux de ses 8 antennes en France.
L’association multiplie aussi les partenariats avec les acteurs de terrain, afin d’exporter ses ateliers d’initiation.
Elle organise ainsi des permanences connectées dans certaines bibliothèques à Paris (Vaclav-Havel dans le 18e arrondissement, Saint-Eloi dans le 12e).