Pratiques et enjeux dans les territoires : le numérique rebat les cartes
Bousculée par les nouveaux outils numériques, la démocratie représentative classique a vécu. Les citoyens veulent devenir partie prenante du remodelage de leur territoire provoqué par ces mutations.
La machine va-t-elle se substituer à l’être humain ? La question est récurrente lorsque l’on aborde les enjeux du numérique. S’agissant de la mutation digitale des services publics, c’est au contraire l’urgence d’accorder un plus grand rôle au citoyen qui se confirme. Démarche collaborative, co-construction, e-démocratie, font partie aujourd’hui de la panoplie des nouvelles pratiques adoptées par les collectivités territoriales.
Même les budgets deviennent participatifs : Paris, Grenoble, Rennes… invitent désormais leurs habitants à se prononcer sur certains choix d’investissements.
Même les budgets deviennent participatifs.
La concertation classique autour des projets d’aménagement évolue. La Métropole Nice Côte d’Azur a testé pendant un an Civocracy, une plateforme de démocratie participative développée par une start-up, pour consulter les habitants sur le devenir des ports, l’évolution du réseau de transports publics, la création de nouveaux téléservices…
Plus de 300 propositions citoyennes ont été enregistrées, un succès qui pousse aujourd’hui la métropole à étudier la pérennisation de cette expérience. Dans la perspective d’une dématérialisation accélérée des services publics, s’attaquer à la complexité des démarches administratives devient aussi une priorité.
Le Secrétariat général pour la modernisation de l’action publique (SGMAP) s’est carrément doté d’un incubateur de « Startup d’Etat » pour aborder en mode agile, sur la base des besoins exprimés par des usagers, des projets qui ciblent des points bloquants de divers parcours administratifs.
C’est ainsi qu’ont été développés des services comme mes-aides.gouv.fr ou Marchés public simplifié (MPS). Cette initiative a fait des émules dans les territoires : Paris a lancé son programme « Startup de ville ».
Vers un service public de la donnée à l’échelle du territoire
Acquérir une véritable culture de la donnée constitue aujourd’hui un nouveau défi pour les collectivités territoriales car c’est grâce au big data qu’il sera possible de proposer de nouveaux services, mieux ciblés et plus performants. Ouverture, partage et protection des données, au-delà d’un environnement légal et réglementaire contraignant, il s’agit pour les élus et cadres territoriaux de se mobiliser autour de l’élaboration d’une véritable stratégie numérique à l’échelle du territoire.
Sur ce terrain, encore peu défriché, formation et mutualisation des expériences deviennent un passage obligé pour l’accélérer. Les appels à projets lancés par l’Etat, comme celui concernant le « développement de l’open data dans les territoires », avec un cofinancement dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA), devraient y contribuer.
La métropole de Rennes, l’un des onze lauréats retenus en août 2017, s’est engagée depuis septembre dans la création d’un « véritable service public métropolitain de la donnée ». L’enjeu est de rassembler et d’organiser la diffusion des données publiques, mais aussi provenant d’acteurs privés, à l’échelle du territoire.
Rennes Métropole veut ainsi faciliter l’émergence de nouveaux services tout en apportant les garanties nécessaires, notamment quant à l’anonymisation des données. Un modèle qui pourrait, à l’avenir, faire référence.
Christiane Navas