4 000 places libres en prison, alors que les maisons d’arrêt sont saturées
Environ 4 000 places de prison sont inoccupées ! Première explication à ce chiffre pour le moins gênant dans le contexte actuel de surpopulation : dans les établissements neufs ou rénovés, les nouvelles places n’ont pas encore de détenu. Une vacance temporaire donc…
Trop de places chez les femmes et les mineurs.
Pourtant ce n’est pas la seule explication. Il faut également compter avec le numerus clausus des établissements pour peine, c’est-à-dire maisons centrales, centres de détention et centres de semi-liberté, réservés aux condamnés à une peine de plus de deux ans.
Tous ces établissements, pour des raisons de sécurité et de gestion, et contrairement aux maisons d’arrêt, n’acceptent jamais plus de détenus que leur capacité, voire en prennent un peu moins. « Certains comptent, par exemple, 350 détenus pour 400 places, explique Pierre-Victor Tournier, démographe et criminologue. Or, qui évalue cette décision qui relève du directeur d’établissement ? Qui régule ? », interroge-t-il.
Un gâchis qui laisse les pouvoirs publics indifférents
La détention des femmes et des mineurs demanderait aussi à être observée de plus près : souvent en surnombre, les places leur étant dévolues sont-elles structurellement surestimées ?
Même questionnement pour certaines prisons systématiquement sous-occupées : « Peut-être certains territoires ont-ils moins de besoins ? », demande le statisticien, qui désespère que l’administration et le politique se penchent sérieusement sur ce gâchis. « Dominique Raimbourg [ancien président de la commission des lois et spécialiste du sujet pénitentiaire à l’Assemblée, ndlr] a demandé pendant des années que les causes de cette vacance soient documentées et chiffrées précisément. Sans succès. »
Félicité de Maupeou