En Allemagne, le taux d’incarcération fond
En Allemagne, près d’un lit sur cinq en prison est inoccupé ! Entre 2003 et 2012, le pays est passé d’un taux d’incarcération de 96 à 85 personnes pour 100 000. Alors que, dans le même temps, la France a vu ce taux augmenter de 92 à 117 personnes incarcérés pour 100 000. Pour le criminologue et juriste allemand Christian Pfeiffer, cela s’explique par le fait que « l’Allemagne a la meilleure jeunesse de son histoire ! ». Comprenez : la délinquance des jeunes a chuté.
Une population vieillissante est moins délinquante.
Depuis 2007, le taux de délinquance des Allemands de 18 à 21 ans aurait ainsi baissé de 18% ! S’il faut relier ce phénomène au déclin du chômage des jeunes, passé de 16% à 7% en dix ans, Christian Pfeiffer y voit aussi un changement sociétal dans le comportement des parents, qui recourent moins aux châtiments corporels.
Le « droit à une éducation sans violence » a même été adopté en 2000 outre-Rhin. « Moins les enfants sont battus jeunes, moins ils seront délinquants plus tard », explique le professeur. Un argument à prendre avec précaution, puisqu’une enquête de l’institut Forsa révélait en 2012 que 40% des sondés en Allemagne recourraient encore à la fessée.
Une autre explication à cette baisse de l’incarcération en Allemagne est le vieillissement de sa population. Depuis moins de dix ans, le nombre de jeunes de 18 à 24 ans a diminué de plus de 600 000 individus ! Or une population vieillissante est statistiquement moins délinquante.
Il faut aussi prendre en compte le fait que les peines en Allemagne sont plus courtes qu’en France : sur l’ensemble des condamnés allemands, 22,7% exécutent une peine de moins de six mois, contre 17,8% en France. D’ailleurs, les juges allemands ont tendance à recourir davantage à l’amende qu’à la peine de prison, même dans certains cas de violences, ce qui ne correspond pas à la culture des tribunaux français.
Félicité de Maupeou