« Nous avons mobilisé 66 millions d’euros sur dix ans pour le centre-ville »
Benoist Apparu, maire de Châlons-en-Champagne, ancien ministre du Logement
Comment avez-vous géré le départ des militaires de votre ville ?
Le départ du premier régiment d’artillerie de marine (Rama), qui représentait avec les familles quelque 3 000 personnes, a aggravé les difficultés auxquelles était déjà confronté notre centre-ville.
La première concerne toutes les villes moyennes : stagnation du pouvoir d’achat, développement de l’e-commerce, extension des zones commerciales périphériques. Sans parler de la diminution des parts de marché des commerces de centre-ville.
Il existe aussi à Châlons une problématique plus « structurelle » avec l’existence de deux centres commerciaux : l’un en cœur de ville et l’autre en périphérie.
Ajoutez à cela des commerces vieillissants, des « dents creuses » dans certaines rues, un immobilier qui se détériore, une voirie abîmée et des accès mal situés.
Quelle a été votre stratégie ?
Tout d’abord, nous avons posé un constat prenant en compte toutes les problématiques. Ensuite, nous avons mené une concertation ciblée pour définir un projet partagé. Enfin, nous avons élaboré un plan d’action global.
En réalité, nous n’avons pas voulu sectoriser nos études et nos propositions, sur le foncier, la circulation ou les commerces.
Prix du meilleur projet de centre-ville 2016.
Nous avons décidé de tout englober afin d’agir sur l’ensemble des leviers dont nous disposons. Avec un travail en deux volets, le premier sur l’aménagement urbain, la voirie, la piétonnisation, le stationnement, et le mobilier urbain.
Le second volet, encore plus ambitieux, s’est articulé selon dix politiques transversales, comme la mise en œuvre d’une politique foncière volontariste, tel le rachat d’immeubles pour rénover les logements et les cellules commerciales en rez-de-chaussée. Nous pensons ainsi pouvoir maîtriser le prix des loyers, véritable frein pour les porteurs de projets.
Nous travaillons également à la mise en place de services nouveaux comme un site internet référençant tous les commerçants du centre-ville ou l’accueil d’enfants le samedi pour faciliter les courses, etc.
Quels dispositifs avez-vous mobilisés ?
Grâce à un contrat de redynamisation de site de défense (CRSD) signé avec l’Etat en 2015, nous avons pu bénéficier d’aides relativement importantes. Pour le centre-ville, nous avons mobilisé 66 millions d’euros sur dix ans.
Et pour certaines opérations, nous faisons appel à des partenaires comme les bailleurs sociaux pour des opérations d’acquisition et de réhabilitation de logements. La SEM de Châlons, elle, est chargée de la prospection et de la commercialisation des cellules vides.
Nous avons aussi réussi à mobiliser des fonds via d’autres programmes comme à Châlons-en-Champagne qui a ainsi été retenue par Action Logement et la CDC pour accompagner des opérations spécifiques.
Pour quels résultats ?
Notre plan d’action a été finalisé il y a un an. L’originalité et l’ambition de ce projet ont été distinguées par le prix du meilleur projet de centre-ville 2016. Les premières grandes opérations viennent de commencer. Ce projet a suscité beaucoup d’enthousiasme et fait naître beaucoup d’attentes.
Or, les contraintes administratives et celles de nos agendas en ralentissent l’exécution. Il faut donc expliquer et continuer nos échanges avec les acteurs locaux. C’est aussi un rôle d’équilibriste. Il faut trouver des solutions qui satisfassent à la fois commerçants, habitants et consommateurs.
Créer un cercle vertueux est souvent compliqué, mais si tout le monde avance dans la même direction et que les moyens sont à la hauteur des enjeux, alors tout est possible.
Propos recueillis par Jean-Marie Constans