Le phénomène de dévitalisation n’est pas une fatalité
Denis Badré, maire de Ville-d’Avray, président-fondateur de Centre-Ville en mouvement
Quelles sont les raisons qui vous ont amené à créer Centre-Ville en Mouvement ?
C’est à la fois d’un constat et d’une conviction qu’est né, en 2005, Centre-Ville en Mouvement. A l’époque déjà, un grand nombre d’élus, essentiellement de villes moyennes, constatait la dévitalisation de leur centre-ville. Et ce phénomène s’accentuait au fil des ans.
Pour beaucoup de collectivités, la situation devenait critique et nous manquions d’instruments d’analyse et d’intervention. Face à ce problème constant, il nous a paru nécessaire de développer une approche qui dépasse les clivages partisans.
Les acteurs économiques nationaux ont eux-mêmes évolué.
A l’initiative de Centre-Ville en Mouvement, on retrouve ainsi trois maires de sensibilités politiques différentes : Louis Besson, Jean Grenet, alors respectivement maires de Chambéry et de Bayonne, et moi-même.
Il nous a ensuite semblé essentiel de ne pas limiter l’association aux seuls élus, mais d’intégrer tous les acteurs impliqués sur un plan économique et social. On retrouve ainsi au bureau aussi bien des élus que des chercheurs ou des représentants d’organismes tels que La Poste, EDF et du monde de l’entreprise.
Parallèlement, nous avons créé un club des partenaires, ouvert à tous ceux qui sont touchés par cette situation. Cet ensemble, au-delà de l’organisation de nos Assises nationales, nous assure un effet de réseau et une réelle pertinence dans la mise en place de travaux thématiques, d’échange d’expériences, d’évaluations prospectives et de promotion d’opérations exemplaires.
Cette mobilisation a-t-elle porté ses fruits ?
La prise de conscience, au-delà de nos membres, a largement progressé. Il est clair qu’elle est due, pour une bonne part, à notre action.
L’échange d’expériences nous a aussi permis de mettre en œuvre des mesures qui se distinguent par leur diversité, mais ont aussi indéniablement produit des effets positifs. On a pu ainsi se rendre compte que ce phénomène de dévitalisation n’était pas une fatalité.
Tout le monde s’accorde, désormais, à reconnaître que tout est lié. La question du commerce est souvent, et à juste titre, mise au premier plan, mais elle ne peut être dissociée de celles du logement, des services, des transports, etc.
Et les stratégies qui se mettent en place avec efficacité s’attachent à jouer sur tous ces tableaux. Les acteurs économiques nationaux ont eux-mêmes évolué. Je pense à ces grandes enseignes qui ont compris l’importance d’une présence en centre-ville avec des magasins de proximité.
Le programme Centre-Ville de demain, lancé par la CDC, correspond-t-il à vos attentes ?
La Caisse des Dépôts a été associée à nos travaux depuis le début. On peut donc dire que le programme « Centre-ville de demain » en est largement le fruit.
L’association a, sans conteste, joué un rôle dans l’attention désormais portée par les pouvoirs publics à ce phénomène, même si l’on ne doit pas tout attendre de l’Etat. La création du portail « Cœur de ville » relève de la même logique.
Je pense aussi à l’appel à projets du Fisac qui privilégie les initiatives collaboratives de nature à faire travailler tout le monde ensemble. C’est un principe que l’association s’est attachée à mettre en avant.
Propos recueillis par Jean-Marie Constans