Vente en ligne et commerce : à armes inégales
Le sauvetage des centres-villes ne se fera pas sans une nécessaire adaptation aux nouvelles attentes des consommateurs comme l’allongement des horaires d’ouverture. Cette exigence due, en partie, au développement de la vente en ligne bouleverse les fonctionnements classiques du commerce.
Farouche et parfois dangereux concurrent, avec l’arrivée des contrefaçons (pièces de voitures, médicaments…), le chiffre d’affaires de l’e-commerce a été multiplié par huit entre 2005 et 2015 pour atteindre près de 65 milliards d’euros. La demande touche essentiellement l’habillement, les produits culturels, les voyages et les articles électroménagers.
Ce nouveau marché représente 7 à 9% de la vente de détail, selon le rapport « La revitalisation commerciale des centres-villes » 2016. En 2015, cela correspondait à deux achats par mois et par acheteur. Ainsi, le panier annuel par acheteur serait passé de 625 à 1 780 euros.
Le commerce, premier employeur d’un jeune sur quatre
Ce phénomène soulève avec acuité la question de l’emploi. Selon le Conseil du commerce de France (CDCF), en 2016, le secteur du commerce physique comptait 3,5 millions d’emplois, dont 3 millions de salariés et 873 000 entreprises. Premier employeur d’un jeune sur quatre, il représente 1 409 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Vers une fiscalité équitable entre e-commerce et commerce physique
Même si l’on est loin de la disparition des boutiques traditionnelles sous les flots du tsunami numérique, le CDCF réclame une fiscalité équitable entre les commerces physiques, taxés sur leur foncier, et les commerces sur Internet, dont les entrepôts se situent dans des zones meilleur marché.
Il propose de remplacer la taxe sur les surfaces commerciales (Tascom) et la fiscalité locale assise sur l’emprise foncière des magasins par une taxation établie sur une assiette commune à tous les professionnels du commerce. Le CDCF souhaite aussi que les pure players étrangers (Amazon, eBay, Cdiscount…) paient, sur la part de leur chiffre d’affaires réalisé en France, les mêmes impôts que ceux payés par les acteurs du commerce français.
En attendant que les pouvoirs publics mettent en place un juste équilibre entre tous les protagonistes, la complémentarité entre site marchand et boutique physique se développe.
Jean-Marie Constans