Questions à… Marie-Christine Jaillet Sociologue, directrice de recherche au CNRS, questions urbaines
Marie-Christine Jaillet, sociologue, directrice de recherche au CNRS
Quelles sont les causes de la dévitalisation de certains centres-villes ?
Ce phénomène concerne les villes petites et moyennes, mais il n’est pas du tout représentatif des grandes villes et des métropoles qui bénéficient d’un apport renouvelé de population.
Dans les villes touchées, toutes ne se trouvent pas dans la même situation. Tout dépend de leur patrimoine, de leur base économique, de leur potentiel touristique, de la mise en œuvre d’une politique de valorisation efficace, de la facilité d’accès et des transports en commun.
Mais nombre de villes sont, en réalité, affectées par une évolution qui relève de causes multifactorielles, la première tenant à un phénomène de périurbanisation, résidentielle et commerciale, les deux étant liées.
En second lieu, la situation de l’habitat ancien de centre-ville, souvent dégradé et peu adapté aux attentes des ménages, accentue bien sûr ce phénomène.
Comment y remédier ?
Certains élus ont affaibli leur centralité en laissant se développer, de manière inconsidérée, les zones commerciales périphériques. Une politique de reconquête efficace doit s’inscrire dans le cadre de l’intercommunalité.
Pour éviter que les communes de la périphérie jouent la concurrence, les élus doivent avoir une stratégie pour l’ensemble du territoire des EPCI*, avec des réponses diversifiées. Réhabiliter l’habitat sans toucher à la structuration de l’espace n’a pas de sens.
Cela pose aussi la question de l’ingénierie. Certaines grandes collectivités ont su se doter de services appropriés, mais beaucoup de petites villes n’ont pas les moyens de leur propre ingénierie. Là aussi, l’intercommunalité a un rôle déterminant à jouer.
*Etablissements publics de coopération intercommunale
Propos recueillis par Jean-Marie Constans