Ces villes qui font tout pour ressusciter leur centre-ville
Certaines collectivités se sont engagées dans une véritable démarche de laboratoire territorial : recrutement de managers de centre-ville, programmes stratégiques de revitalisation, etc.
Faire de la reconquête des centres-villes la grande cause nationale 2018…, c’est le souhait exprimé par le député Patrick Vignal, président de l’association Centre-Ville en Mouvement. Au-delà du constat et du sombre tableau qui pourrait en découler, l’heure est aujourd’hui à la mobilisation générale.
L’objet est d’expérimenter et de développer toutes les solutions susceptibles d’enrayer la dévitalisation des centres. Les collectivités peuvent d’ores et déjà s’appuyer sur un ensemble de dispositifs nationaux. Ainsi, l’AMI (appel à manifestation d’intérêt), qui a été lancé en 2014 par le gouvernement, est plus spécialement destiné aux centres-bourgs.
Cette initiative a ainsi aidé la petite ville de Salins-les-Bains, dans le Jura, à élaborer un plan de revitalisation grâce à des subventions du FNADT et de l’Anah, qui ont permis de requalifier des logements et d’entamer une politique d’accueil pour des artisans et des TPE qui commence à porter ses fruits.
Certaines mesures liées à des problématiques particulières, comme le classement en zone de restructuration de défense pour les collectivités affectées par le départ d’unités militaires, ont pu jouer un rôle non négligeable. Ce fut le cas de Châlons-en-Champagne, dans la Marne, avec le soutien de la CDC en 2016 et de l’AMF.
Le dispositif « Centres-villes de demain » s’adresse aux villes moyennes et doit permettre un accompagnement des projets de revitalisation associant immobilier, mobilité, habitat, commerce et activités. Il s’agit là d’un véritable laboratoire territorial, comptant une dizaine de villes qualifiées de démonstrateurs.
Des solutions adaptées à chaque situation
Mais, au-delà de ces mesures d’accompagnement, le premier défi pour les collectivités, demeure leur capacité à faire preuve d’initiative. Le recrutement d’un « manager de centre-ville » s’inscrit dans cette logique. On en compte plus de 150 aujourd’hui au plan national.
Mulhouse, l’une des premières villes à la mettre en place, en 2011, a ainsi enregistré, en cinq ans, 336 ouvertures de commerces contre 173 fermetures. Ce principe d’approche globale s’impose de lui-même, mais chaque collectivité est amenée à développer des solutions spécifiques.
Premier défi pour les collectivités : leur capacité à faire preuve d’initiative.
Lunéville, en Meurthe-et-Moselle, s’attache ainsi à développer l’activité touristique autour de son château et conforte l’animation commerciale à l’aide d’un plan de merchandisage et un appel à projets pour la reprise des locaux commerciaux vacants.
Saint-Nazaire travaille à l’implantation d’un campus numérique, réhabilite un îlot d’habitat, va rénover les halles centrales et requalifie son entrée de ville.
Miramas (Bouches-du-Rhône) souhaite, elle, développer un nouveau quartier sur des friches industrielles autour de la gare.
A Saint-Amand-Montrond, dans le Cher, la ville a instauré une taxe sur les immeubles et locaux commerciaux vides depuis au moins deux ans.
Pour résoudre le phénomène des « dents creuses » et dans l’attente d’un repreneur, la commune de Valréas (Vaucluse) a recouvert les vitrines vides de vitrophanies représentant des monuments historiques de la ville, des produits du terroir…
Par ailleurs, l’Association des petites villes de France (APVF) relaie une initiative de la Confédération des commerçants de France, qui a créé une bourse nationale des locaux commerciaux vacants. Sur le site Internet www.villeetcommerce.fr, la collectivité publie ses annonces qui bénéficient ainsi d’une visibilité nationale, mais surtout, elles sont relayées et soutenues par les fédérations professionnelles concernées. Le site est donc à la fois un portail d’annonces et un moteur de recherche.
Jean-Marie Constans
Des sources de financement nationales, locales et européennes
Les collectivités engagées dans des programmes de revitalisation, comme les acteurs économiques porteurs de projets, peuvent compter sur une large palette d’instruments financiers, en plus des dispositifs d’aides prévus par l’Etat. Le programme « Centre-Ville de demain » prévoit ainsi des crédits ou des prêts bonifiés de la Caisse des Dépôts.
Les municipalités peuvent aussi solliciter des crédits issus de plusieurs sources :
- FSIL : Fonds de soutien à l’investissement local
- PNRQAD : Programme national de requalification des quartiers anciens dégradés
- FNADT : Fonds national d’aménagement du territoire
- Fisac : Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce
- PNRU : Programme national pour la rénovation urbaine
- Bpifrance, pour le soutien éventuel à des projets d’entreprise
De même, les élus locaux ont la possibilité de recourir aux crédits, subventions, prêts ou encore co-investissements du Fonds européen de développement régional (Feder), dont la gestion relève désormais de la compétence des régions, ou de la Banque européenne d’investissement.
Mais collectivités et entreprises peuvent aussi faire appel à des outils financiers locaux, tels les aides à l’immobilier d’entreprise, les fonds provenant de l’Agence France Locale (société financière créée par les collectivités ou groupement pour financer les investissements de ses membres), voire à du financement participatif (crowdfunding) ou à du mécénat.
On peut encore mentionner certaines initiatives originales, comme la création de monnaies locales, qui peuvent jouer un rôle dans la redynamisation économique des commerces de centre-ville.
Jean-Marie Constans