La reconquête des cœurs de ville passe par un urbanisme global
La mise en œuvre d’un projet cohérent de revitalisation doit s’appuyer sur une démarche associant la rénovation de l’habitat, le maintien des services et le renforcement de l’accessibilité.
Désurbanisation, désindustrialisation, recul des services publics, développement des ventes en ligne, ou encore départ des garnisons… Les causes diffèrent d’une ville à une autre, mais le réveil de leur centre exige la mise en œuvre d’une véritable politique de renouvellement urbain.
Il revient donc à l’urbanisme d’être le pivot de l’élaboration d’une stratégie globale intégrant l’ensemble des facteurs et des acteurs susceptibles de jouer un rôle dans le processus de revitalisation. En un mot, il convient d’apporter une réponse cohérente à un phénomène lié à des causes multifactorielles, comme l’explique la sociologue Marie-Christine Jaillet.
Pour David Lestoux, directeur associé de Cibles et Stratégies, un cabinet spécialisé dans l’urbanisme commercial, « le problème dépasse le cadre du commerce ; il faut partir des usages des habitants, actuels et futurs, pour imaginer ce que sera le cœur de ville de demain ».
Cette démarche peut et doit s’appuyer sur les instruments de base de l’urbanisme (le schéma de cohérence territoriale [SCoT], le plan local d’urbanisme intercommunal [PLUI], et le document d’aménagement artisanal et commercial [Daac]), et les outils capables d’harmoniser une politique d’aménagement à l’échelle d’une agglomération en évitant les effets de concurrence entre collectivités.
Il s’agit aussi de contenir l’étalement urbain et l’accroissement exponentiel de la démographie périurbaine. Ramener la population en centre-ville constitue ainsi un objectif premier, car il ne peut exister de commerce de proximité sans clientèle de proximité.
Retrouver une véritable identité
La réhabilitation de l’habitat vétuste est donc une étape obligée pour favoriser la réoccupation de logements souvent vides des centres-villes historiques. A la fin des années quatre-vingt-dix, une ville comme Montauban comptait ainsi plus de 800 logements vacants, y compris autour de la place Nationale, magnifique ensemble du XVIIe siècle classé aux Monuments historiques et au cœur de la cité.
Partir des usages des habitants actuels et futurs pour imaginer le cœur de ville de demain.
Cette situation a conduit la municipalité à engager une campagne de requalification s’appuyant sur une opération programmée d’amélioration de l’habitat (Opah). Les Opah-RU (renouvellement urbain) peuvent, en effet, offrir aux collectivités un moyen d’intervention efficace. Grâce aux financements de l’agence nationale de l’habitat (Anah), 145 Opah-RU ont ainsi été engagées en 2015 et 2016.
Bien entendu, l’accessibilité des centres-villes ne peut se concevoir sans une nouvelle politique de mobilité et de transports publics. Comme le remarque Gontran Thüring, délégué général du Conseil national des centres commerciaux (CNCC), les villes qui bénéficient d’un centre dynamique sont celles qui ont su favoriser son accessibilité et mettre en œuvre un réseau efficace de transports en commun.
Toutefois, la renaissance des centres-villes n’est possible qu’avec le maintien ou le rétablissement de service ou d’activités autres que commerciales. Les villes doivent, par ailleurs, s’attacher à renforcer l’attractivité de leur centre, grâce, notamment, à l’aménagement d’espaces publics équipés d’applications et de services connectés, dans l’esprit « smart city ».
Elles doivent enfin renforcer une identité garante de leur image. Ainsi, à Montauban, la revalorisation de la place Nationale, associée à l’organisation de marchés de plein vent et de manifestations culturelles, a entraîné la réhabilitation et la remise sur le marché des beaux logements dissimulés derrière les façades grand siècle.
Jean-Marie Constans