L’IA, nouvel outil de la police américaine
« Dans les services de police, les algorithmes sont massivement utilisés », explique Andrew Ferguson, professeur de droit à l’université du District de Columbia et auteur d’un livre à paraître en octobre 2017 sur le sujet : « The Rise of Big Data Policing – Surveillance, Race, and the Future of Law Enforcement ».
Dans plus de 60 villes, comme Chicago, New York, Miami ou Los Angeles, ils servent à identifier des lieux potentiels de crimes ainsi que des personnes susceptibles d’en commettre ou d’être tuées par balle.
« Cette pratique s’est banalisée, raconte-t-il. Elle crée un vrai débat aux Etats-Unis, mais la tendance est plutôt à la massification de ces outils. » L’usage des données est-il forcément négatif ? « Dans une ville comme Chicago, qui connaît le plus fort taux de morts par balle, difficile de critiquer la justice prédictive, reconnaît Andrew Ferguson. Là au moins, la police a plus d’informations. Cela peut avoir du sens de savoir qui a le plus de risque de se faire tuer. Mais pourquoi relier tout de suite ces informations à une action policière ? Elles pourraient servir à faire de la prévention, par exemple en sortant certains jeunes de tels ou tels quartiers ou de certaines écoles… »
On peut aussi regretter que les financements publics soient orientés vers ces outils très onéreux dans un contexte de contrainte budgétaire : « Cet argent serait peut-être plus utile dans des politiques sociales ou les créations de postes de policiers », suggère Andrew Ferguson.
Félicité de Maupeou
INFO +
Dans The Rise of Big Data Policing, Andrew Ferguson montre comment les outils de surveillance par le big data, considérés comme étant parfaitement neutres, ont été adoptés avec empressement par les services de police américains pour se protéger des plaintes pour discriminations racistes ou comportements « anticonstitutionnels ».