Les premières limites de la stratégie France IA
Au final, « la stratégie France IA est satisfaisante, explique Sébastien Konieczny, président du nouveau collectif de recherche en IA au CNRS et membre des groupes de travail ayant formulé leurs recommandations à l’Etat. Les politiques ont plutôt suivi nos propositions ».
Même sur les montants à investir, l’Etat a répondu aux attentes. Ainsi, selon Bertrand Braunschweig, directeur du centre de l’Inria de Saclay, l’effort financier (public et privé) nécessaire à une véritable stratégie française est de l’ordre de 100 millions d’euros par an sur dix ans. Soit 1 milliard d’euros en tout. Une estimation sur laquelle François Hollande a surenchéri en annonçant en mars dernier un soutien de 1,5 milliard d’euros sur dix ans.
Mais que vaut cet engagement alors que l’exécutif a totalement changé quelques semaines plus tard ?
Une inquiétude soulevée par les chercheurs, comme Sébastien Konieczny, mais aussi par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) via la voix de deux de ses membres, Dominique Gillot et Claude de Ganay, qui jugent « regrettable que cette démarche du gouvernement ne soit pas inscrite dans les différentes stratégies nationales de recherche à dix ans et [dans] le Livre blanc de l’enseignement supérieur et de la recherche ». Cela aurait, en effet, renforcé la portée des engagements pris.
Autre sujet d’inquiétude pour les deux élus auteurs d’un rapport sur l’IA : le futur PIA se dirige vers une hyperspécialisation des financements de la recherche dans les sous-domaines de l’IA (perception, vision, prise de décisions…), alors qu’« il faut favoriser la recherche transversale » pour garder notre avance, assurent-ils (interview page 24).
Félicité de Maupeou