Journaliste, médecin, artiste : des métiers bouleversés par les robots
L’IA détruit-elle ou crée-t-elle des emplois ? Ce débat oppose les experts mais une chose est sûre : elle menace des professions jusqu’ici épargnées par la robotisation.
Des IA écrivent déjà dans les rédactions
Quakebot au « Los Angeles Times », Wordsmith à l’Associated Press, Quill chez « Forbes », Data2Content au « Monde », ou encore Feinstaub-Monitor au « Berliner Morgenpost »… les IA prennent place dans les rédactions. Et écrivent avec une rapidité inégalable.
A l’Associated Press, ces algorédacteurs, qui transforment les données en texte, rendent 3 700 articles financiers sur les bénéfices des entreprises par trimestre, soit 12 fois plus que lorsque les journalistes s’en chargeaient. Lors des élections cantonales de 2015, « Le Monde » a utilisé une IA pour élaborer 36 000 fiches de données clés sur les communes françaises. Certaines IA sont plus sophistiquées, comme Stats Monkey, qui écrit des comptes-rendus de matchs de baseball.
Narrative Science, une start-up spécialisée dans ce domaine, prédit que 90% des informations lues par le grand public seront produites par ces journalistes d’un nouveau genre d’ici à 2025. Reste que pour l’instant, l’IA se limite à mettre en forme des données : point d’analyses ni d’éditos en vue !
Quand les algorithmes créent…
En juin dernier, l’IA du projet Magenta de Google a composé un morceau de piano. Une étape pour l’entreprise américaine, qui veut développer les capacités créatrices de l’IA.
Réalisé en 2016, « Waterloo » de Jack Zhang est, quant à lui, le premier film coécrit avec un ordinateur. Ce dernier a analysé une immense quantité de données pour déterminer quels éléments des films à succès faisaient leur réussite.
Depuis septembre dernier, le projet « Muze », mené par Google et le site de vente Zalando, veut faire de l’IA un créateur de mode. L’IA, nourrie par les préférences de 600 experts et par des données sur les tendances, crée une tenue unique selon les réponses de la cliente à un questionnaire.
Cependant plusieurs de ces expériences accouchent de résultats décevants. Signe que la créativité ne peut se résumer à un algorithme.
Les médecins bientôt doublés ?
«L’IA aura remplacé les meilleurs radiologues avant 2030 », prédit Yann LeCun, directeur du laboratoire IA de Facebook.
Forte des milliers de données médicales et des millions de pages de revues spécialisées qu’elle a intégrées, l’IA d’IBM, prénommée Watson, diagnostique déjà des cancers aux Etats-Unis, en Chine, en Thaïlande et en Inde, en analysant le dossier médical du patient. Selon une étude effectuée en 2012 au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center de New York, elle enregistre même un taux de succès dans le dépistage du cancer du poumon de 90% contre 50% pour un médecin.
Hors de l’hôpital, l’application mobile norvégienne Your.MD utilise l’IA pour poser un diagnostic ou même donner des conseils médicaux personnalisés à ses utilisateurs. « Formée » par 30 médecins et par l’assimilation de données cliniques publiques, l’application se nourrit aussi d’informations présentes sur les forums médicaux. L’idée est de soulager les services de santé en donnant des « pré-soins » ou en orientant directement les malades vers un spécialiste.
Félicité de Maupeou