Ces villes qui ont réussi l’objectif « zéro mort »
Cinq villes françaises de plus de 100 000 habitants ont atteint l’objectif annuel d’une mortalité routière réduite à zéro, au moins une fois entre 2009 et 2012. C’est toutefois moins bien que la Grande-Bretagne ou l’Espagne.

En France, rares sont les villes à atteindre le niveau « zéro mort » sur leurs routes, au moins une année. Parmi celles de plus de 100 000 habitants, Villeurbanne, Boulogne-Billancourt, Tours, Brest et Mulhouse y sont parvenues, entre 2009 et 2012, ce qui revient à 13% des grandes villes, selon une étude européenne publiée par Dekra*.
Brest, qui a affiché cette performance deux ans de suite, mérite une mention spéciale.
Cependant, selon le critère européen, c’est moins bien que l’Allemagne (21%), l’Espagne (43%), la Grande-Bretagne (47%) et les Pays-Bas (52%). A noter qu’en Espagne, cinq villes ont réitéré l’exploit quatre années consécutives, alors que la Grèce ou encore la Hongrie n’ont jamais atteint le « zéro mort ».
Ces résultats sont à pondérer en fonction du nombre d’habitants dans ces villes. La France compte, par exemple, 22% de sa population en ville contre 54% pour la Grande-Bretagne.
Parmi celles de plus de 50 000 habitants, 53 villes françaises sur 114 dont Rueil-Malmaison ont atteint l’objectif : soit 46%. Quatre villes, Evry, Sartrouville, Sevran et Fontenay-sous-Bois ont même réussi à maintenir l’objectif pendant trois ans.
Sanction et éducation à Rueil-Malmaison
Ces bons résultats s’expliquent par une politique locale soutenue d’actions préventives combinées à des réaménagements urbains.
Ainsi, depuis 2008, Villeurbanne a construit 20 kilomètres de pistes cyclables supplémentaires pour un meilleur partage de l’espace public. Les abords des écoles ont été sécurisés et la vitesse réduite à 30 km/h. Les piétons étant particulièrement vulnérables avec 25% des morts en 2014, la municipalité de Rueil-Malmaison organise des interventions de sensibilisation dans les classes, avec l’aide des forces de police. Plusieurs milliers d’élèves bénéficient ainsi de cours pratiques et théoriques.
Zéro mort à Brest deux années consécutives.
Et tous les ans, la ville organise une opération « sanction éducation » où l’usager en infraction échappe à une pénalité à condition de suivre une journée de stage.
Dans son rapport, Dekra préconise une augmentation de la signalisation aux carrefours complexes qui incitent les conducteurs à, instinctivement, lever le pied.
L’augmentation de la visibilité est aussi un facteur clé pour réduire les accidents en zone urbaine. Aujourd’hui, les villes françaises concentrent 52% des accidents corporels, dont 29% mortels. D’ici à 2050, la concentration urbaine représentera 75% des citadins. D’où l’importance de sensibiliser conducteurs et piétons.
Pour permettre à ces derniers de mieux voir les véhicules et d’en être vus, Dekra suggère l’installation de passages protégés en biais.
Enfin, la démocratisation de nouveaux équipements de sécurité sur les véhicules, comme l’assistant d’angle mort, les capteurs d’obstacle et le système de freinage automatique, devraient diminuer les fautes d’inattention du conducteur, principale cause des accidents en ville.
Audrey Chaussalet
*Association allemande d’inspection des véhicules à moteur (Deutscher Kraftfahrzeug-Überwachungs-Verein).