Les routes françaises rétrogradées en 2015 à la septième place mondiale
Faute de moyens, le réseau routier français se détériore. Les infrastructures vont devoir évoluer afin de faire baisser le nombre d’accidents. La route doit aussi devenir communicante.
Avec plus d’un million de kilomètres de voirie, le réseau routier français est le plus dense d’Europe. Il est, par conséquent, plus coûteux à entretenir.
Si bien qu’au classement mondial de la compétitivité (lWorld economic Forum de 2015), le réseau routier français a été rétrogradé de la première à la septième place.
La réduction des crédits d’entretien de l’État et l’abandon de l’écotaxe en 2014, qui aurait dû rapporter 1,2 milliard d’euros à l’Agence de financement des infrastructures de transport de France, en sont les principales causes.
Avec un budget passé de 760 millions d’euros en 2009 à 663 millions d’euros en 2015, la qualité des 9 645 kilomètres de nationales s’en ressent. Les moyens alloués ne permettent un renouvellement des routes que tous les vingt-cinq ans, alors que leur durée de vie oscille entre huit et quinze ans selon le trafic.
Au total, 400 opérations de régénération des routes ont été menées sur les deux dernières années.
Plus surprenant enfin, l’état du réseau autoroutier pointé dans le rapport du sénateur Hervé Maurey : « Si, entre 2011 et 2014, la proportion des autoroutes en très bon état de surface est restée relativement stable, autour de 65%, écrit le rapporteur, celle des autoroutes en bon état de surface a diminué depuis 2011, passant de 31% en 2011 à 18% en 2013. En conséquence, la proportion du réseau autoroutier dont l’état est plus ou moins dégradé est passée de 5% à 16%. »
Pourtant, les prix des péages n’ont pas diminué. Mais, remarque l’Association des sociétés d’autoroutes (Asfa), « depuis la privatisation en 2007, 2 milliards d’euros sont investis chaque année pour entretenir et agrandir le réseau ».
Afin d’avoir un panorama complet du réseau, l’Etat a mis en place, en 2016, un observatoire des routes. Cet organisme est chargé d’évaluer les coûts nécessaires à leur entretien et à leur maintenance. La signalétique qui joue un rôle dans la sécurité est aussi répertoriée.
Selon une enquête menée par le SER (Syndicat des équipements de la route) en octobre 2016, 69% des Français estiment que le manque de lisibilité de la signalisation routière est le quatrième facteur d’insécurité : « Même si le lien de causalité direct entre un accident et un défaut de la chaussée ou de la signalétique est difficile à prouver, estime David Zambon, directeur général de l’Institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité (Idrrim), la sécurité routière dépend de la combinaison de ces trois facteurs : comportement du conducteur, amélioration des équipements du véhicule et qualité des infrastructures routières. »
Cette adéquation s’avère de plus en plus pertinente avec l’émergence des nouveaux systèmes électroniques d’aide à la conduite et la route dite de cinquième génération.
Répondre aux nouveaux enjeux de la mobilité
« Le défi de la Route de 5ème génération n’est plus d’aller vite comme avant, mais de répondre aux différents enjeux de la mobilité, en apportant de nouveaux services en terme d’énergie, d’écologie et de transition numérique…», explique Nicolas Hautière, directeur du projet Route de 5ème génération (R5G) à l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar).
En 2016, l’Etat a mis en place un observatoire des routes.
Une route dite « intelligente » serait capable de communiquer avec les véhicules qui l’empruntent, en captant et en analysant des milliers de données, ce qui permettrait d’éviter de nombreux accidents.
L’automobiliste serait informé en amont des conditions météorologiques, de la dangerosité des virages, d’éventuels travaux sur les routes… En cas d’accident, les secours seraient directement alertés de la gravité des faits et du lieu.
En France, cinq sites pilotes sont en cours de mise en œuvre en Ile-de-France, sur l’autoroute Paris-Strasbourg, sur la rocade de Bordeaux et sur des routes départementales d’Isère et du Grand Ouest. Une piste d’essai de 250 mètres permettant aux voitures électriques de se recharger en roulant a, de même, vu le jour à Versailles. Une route biosourcée sera inaugurée à Nantes, en juillet.
Ce sont autant d’expériences qui répondent aux enjeux écologiques et énergétiques. Mais, aucune d’entre elles n’est encore capable de cumuler plusieurs des services proposés par la Route de 5ème génération.
Quant à son déploiement, estimé à ce jour à 2 000 kilomètres, il est encore loin de couvrir l’ensemble du réseau routier français.
« Dans un premier temps, la Route de 5ème génération sera réservée à des portions d’axes spécifiques et stratégiques, plutôt sur des autoroutes ou dans des milieux urbains denses, car son modèle économique n’a pas encore été trouvé », concède David Zambon, directeur général de l’Iddrim.
Audrey Chaussalet
Suivre l’état du béton
Hikob, la start-up française travaille avec Vicat, le troisième cimentier français afin de mettre au point des bétons connectés. Coulés dans le béton des viaducs, tunnels et autoroutes, des capteurs permettront de suivre les propriétés physico-chimiques du béton tout au long de la durée de vie de l’ouvrage afin d’optimiser son entretien.