Le coût de l’insécurité routière représente 2,2% du PIB
Le coût de l’insécurité routière s’est élevé à 32,8 milliards d’euros en 2015. Ce montant comprend les accidents corporels et les dommages matériels liés aux accidents non corporels.
D’après l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (Onisr), le coût des accidents corporels se serait chiffré à 22,7 milliards d’euros en 2015.
La facture englobe les frais liés à la mortalité pour 11,1 milliards d’euros auxquels s’ajoute le coût des hospitalisations à hauteur de 10,1 milliards d’euros. Si on y inclut les dégâts matériels occasionnés par les véhicules, la note atteint 32,8 milliards d’euros.
Ce chiffre serait minoré d’après l’Ifsttar, qui avance une somme de 25 milliards d’euros uniquement pour les blessés graves et légers. En y additionnant les autres dommages, le coût de l’insécurité routière dépasserait 47 milliards, soit 2,2% du PIB.
Compte tenu de l’augmentation du nombre d’accidents et de blessés l’année dernière, le montant total pour 2016, qui sera annoncé en septembre prochain, devrait s’afficher en hausse.
3,19 millions d’euros pour une vie
Combien vaut une vie ? Dans son rapport « Eléments de révision sur la valeur de la vie humaine », France Stratégie l’évalue à plus de 3 millions d’euros. Pour obtenir cette estimation, sont pris en compte les frais médicaux et sociaux (premiers secours, convalescence, etc.), les coûts matériels (dommages des véhicules, etc.), les frais généraux (frais d’expertise, de justice, etc.).
Près de 40% des panneaux de signalisation sont obsolètes.
Cependant, l’évaluation ne s’arrête pas là. La perte de production future des tués, tout comme les préjudices moraux doivent aussi entrer en considération.
Selon les statistiques de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA), les compagnies ont déboursé 5,54 milliards d’euros, en 2010, pour quelque 395 000 accidents corporels dénombrés l’année précédente.
Là aussi, les indemnisations varient en fonction de la sévérité des cas et du potentiel de l’accidenté. Ainsi, cette même année, le tribunal de Niort a condamné la Macif (assureur du conducteur en fautif), à verser 7 646 918 euros à un cadre supérieur de 35 ans, percuté de plein fouet par une voiture roulant à contresens sur l’autoroute, qui est désormais handicapé, avec des conséquences lourdes sur sa vie professionnelle et privée. C’est un record. Les cas les plus sévères représentent 3% du total des 5,54 milliards versés.
Un coût de la vie pourquoi ?
Construire un rond-point, installer un feu rouge… Depuis 2012, les évaluations socioéconomiques sont obligatoires pour tout projet d’investissement bénéficiant d’un financement de l’État ou des établissements publics.
Dans ces calculs, le prix de la vie est, par exemple, comparé à celui des investissements routiers pour en évaluer la rentabilité.
Ainsi, la construction de ronds-points routiers épargne des vies humaines en réduisant le nombre d’accidents, mais entraîne aussi des coûts supplémentaires, directs ou indirects, qui peuvent être importants, comme les dépenses de réalisation de l’aménagement lui-même.
Le ralentissement des véhicules provoque aussi une perte de temps et une augmentation des émissions de gaz à effet de serre (liées aux changements de vitesse des poids lourds, en particulier).
La construction des ronds-points est donc décidée aussi en fonction du nombre de vies que ceux-ci permettent d’épargner. Aussi choquant que cela puisse paraître, ce calcul résulte d’un contexte budgétaire contraint de l’Etat et des collectivités.
Carences de formation des responsables de la voirie
En France, une route sur deux est sans marquage au sol et 30 à 40% des panneaux de signalisation ont dépassé leur durée de vie : « La majorité des panneaux ont entre 15 et 25 ans, alors qu’ils sont conçus pour garantir une performance optimale pendant sept à douze ans », estime le Syndicat des équipements de la route (SER).
Dans son livre blanc paru en 2016, le SER formule dix propositions et notamment l’utilisation des crédits formation pour renforcer les compétences techniques des gestionnaires de voirie et des agents des collectivités locales. Selon le syndicat, « leur manque de connaissances techniques entraînerait souvent les choix hasardeux des donneurs d’ordre en matière d’infrastructures routières.
Par ailleurs, depuis la suppression des directions départementales de l’équipement, les élus locaux ne peuvent plus bénéficier de conseils en matière d’équipements routiers ou de maintenance, alors que ces décisions engagent leur responsabilité en cas d’accident de la circulation.
L’absence ou l’installation d’une glissière de sécurité non conforme à la réglementation peut engager, par exemple, la responsabilité juridique de l’élu en cas d’accident ». Un autre coût.
Audrey Chaussalet
Près de 6 millions de journées perdues pour les entreprises
Avec 483 personnes tuées et 4 520 hospitalisées en 2014, les accidents routiers liés au travail ont entraîné 5 855 070 journées perdues. Pour sensibiliser les collaborateurs aux dangers de la route, Drivegame est un jeu conçu pour des interventions au sein des entreprises.
Réunis autour d’un plateau géant de 3 mètres sur 3, les salariés doivent conserver les douze points de leur permis en répondant, par équipes à des questions comme l’addiction au volant, le Code de la route ou le véhicule. Un animateur professionnel coordonne l’ensemble de cette formation (999 euros HT par jour).
Un jeu qui a déjà convaincu de grands groupes comme Veolia, La Poste, EDF ou encore Total.
Source : CNAMTS 2014