Règles de prudence sur les routes de France : une priorité gouvernementale
Après la hausse du nombre de victimes sur les routes en 2014, le gouvernement a pris de nouvelles mesures pour contrer le relâchement des comportements à l’origine de ces mauvais chiffres. Deux ans plus tard, le nombre de décès est globalement stable.
En 2015, Manuel Valls, alors Premier ministre, avait lancé cet avertissement, lors de la réactivation du Comité interministériel de la sécurité routière (CISR) : « Les routes de France ne peuvent pas être un cimetière pour nos jeunes et les familles ! ».
91 décès de piétons supplémentaires en 2016.
En réamorçant le CISR, inactif depuis quatre ans, le gouvernement lui a demandé « une approche plus prospective, orientée vers les évolutions technologiques et les enjeux économiques et sociaux ». Il s’agit de voir dans quelle mesure la technologie peut contribuer à diminuer le nombre d’accidents mortels, en apportant une meilleure connaissance du comportement du conducteur.
Cet objectif a été suivi d’un train de mesures pour contrer le relâchement des comportements délictueux à l’origine de la remontée du nombre d’accidents corporels en 2014.
Trois quarts des mesures appliquées
Emmanuel Barbe, délégué général à la sécurité routière (lire page 11) rappelle que « 81 mesures ont été prises et, aujourd’hui, plus des deux tiers d’entre elles sont d’ores et déjà mises en œuvre ou sur le point de l’être ».
Elles visent d’abord à améliorer la sécurité des piétons (91 décès supplémentaires en 2016 et 13 cyclistes de plus décédés par rapport à 2015). Pour que ces citadins vulnérables n’aient pas à contourner un obstacle, les voitures n’ont désormais plus le droit de se garer à moins de 5 mètres des passages piétons.
Le gouvernement marque également sa détermination quant à la prévention avec des opérations de sensibilisation aux risques liés aux pratiques addictives. Les accidents de la route étant la première cause de mortalité et de handicap chez les 18-25 ans, le plan gouvernemental a instauré une demi-journée de sensibilisation, en classe de seconde, et le taux d’alcoolémie légale est abaissé à 0,2 g/l pour les jeunes conducteurs.
Depuis cette obligation, la mortalité de ces jeunes a baissé de 3,6% en un an, bien qu’ils représentent encore 22% des tués et près du tiers des blessés graves.
Le dernier objectif de toutes ces mesures porte sur le renforcement des contrôles radars pour lutter contre les excès de vitesse, responsables de 32% des accidents mortels. Outre la modernisation des 4 200 radars actuellement en service et le déploiement de radars aux feux tricolores, dont ceux à double face, qui permettent de « flasher » l’avant et l’arrière d’un véhicule, les pouvoirs publics prévoient l’installation, d’ici à 2018, de plus de 10 000 radars leurres.
Bien que pour l’instant en phase de test, il faudra aussi bientôt compter avec les drones. L’idée du ministère de l’Intérieur est de remplacer les hélicoptères par ces machines volantes. Excès de vitesse, non-respect des distances de sécurité… l’expérience menée, en mars dernier, en Seine-et-Marne, a été concluante. En pratique, le drone envoie des images en continu vers la tablette d’un opérateur au sol qui prévient les motards en cas d’infraction.
Mais, aujourd’hui, le dispositif légal ne permet pas de dresser des contraventions sur la foi d’images prises par un drone. En attendant une réglementation, les mesures entrées en vigueur depuis 2015 semblent porter leurs fruits puisque la mortalité routière s’est stabilisée en 2016.
Audrey Chaussalet
Les dates de la sécurité routière
1921 : instauration du Code de la route
1954 : 60 km/h en agglomération. Hors agglomération, pas de limitation de vitesse.
1960 : nombre de tués par an comptabilisé
1970 : taux d’alcoolémie délictuel : 1,2 g/l ; taux contraventionnel : 0,8 g/l
1973 : obligation du port de la ceinture à l’avant hors agglomération et du casque sur les motos hors des villes
1974 : limitations de vitesse généralisées : 90 km/h sur routes, 110 km/h sur voie express, 130 km/h sur autoroutes.
1979 : obligation du port de la ceinture de sécurité en ville
1983 : taux d’alcoolémie délictuel descendu à 0,8 g/l
1990 : obligation du port de la ceinture à l’arrière ; limitation de la vitesse à 50 km/h en ville
1992 : mise en place du permis à points
1995 : taux d’alcoolémie contraventionnel descendu à 0,5 g/l
2003 : interdiction du téléphone en main