Passer sous la barre des 2 000 tués par an sur les routes
Même si le nombre de décès sur les routes françaises a tendance à se stabiliser par rapport à 2015, le nombre d’accidents et de blessés est légèrement remonté en 2016. La prévention reste de mise pour afficher moins de 2 000 tués en 2020.
Excès de vitesse, non-respect du feu orange et usage du téléphone au volant sont des principales infractions commises par les Français, selon le baromètre annuel 2017 d’AXA Prévention.
Pourtant 90% des conducteurs interrogés par l’assureur sont convaincus de l’importance de la prévention, en particulier sur les dangers de l’alcool et du cannabis au volant : « Le message de la prévention routière est difficile à faire passer, car il est constamment contredit par l’expérience du conducteur, qui transgresse les règles sans devenir nécessairement une victime de la route », prévient le sociologue Jean-Claude Renouard.
Le court métrage « L’Annonce », réalisé en 2016, par Jean-Xavier de Lestrade pour l’Association Prévention Routière, joue sur « l’affect » du spectateur : « On y montre des images d’une esthétique très anglo-saxonne, mais qui, paradoxalement, risquent de déclencher un mécanisme de défense, pouvant aller jusqu’au déni – les accidents touchent les autres, mais pas moi – ou provoquer une réaction de l’ordre de l’optimisme comparatif – je suis bien meilleur conducteur que les autres – », regrette Jean-Pascal Assailly, chercheur à Ifsttar.
Des entreprises mobilisées
En 2016, à la demande de la Sécurité routière, un sondage de l’Ifop a révélé les comportements dangereux des salariés au volant de leur véhicule. Ainsi, plus des deux tiers (69%) téléphonent ou dépassent la limitation de vitesse (68%).
C’est pourquoi, 21 chefs d’entreprise se sont engagés pour la sécurité de leurs salariés sur les routes.
Les effets bénéfiques se mesurent sur une génération.
Ces dirigeants ont été les premiers à répondre à l’appel national en faveur de la sécurité routière, lancé en 2016 par Myriam El Khomri, alors ministre du Travail.
L’objectif est de contribuer à renverser la tendance actuelle, les accidents de la route constituant la première cause de mortalité au travail. A ce jour, 610 entreprises des secteurs public et privé placent le risque routier au cœur de leurs préoccupations.
« L’évolution des comportements prendra du temps, prévient Anne Lavaud déléguée générale de l’Association Prévention Routière, car les effets bénéfiques se mesurent sur une génération. »
Fort heureusement, alors qu’il y a presque trois fois plus de véhicules en circulation que dans les années soixante-dix, on dénombre quatre à cinq fois moins de victimes.
La France au-dessus de la moyenne européenne
Le nombre de morts sur les routes françaises est donc relativement stable par rapport à 2015 (3 477 décès en 2016, soit 16 personnes de plus qu’en 2015), bien que le nombre d’accidents (+ 1,6%) et de blessés (+ 2,6%) soit en hausse.
On est donc encore loin de l’objectif fixé par le gouvernement : passer sous la barre des 2 000 morts en 2020. Le pari sera assurément difficile à tenir.
Après des résultats spectaculaires obtenus dans ce domaine par diverses mesures puisqu’on est passé de 18 000 tués en 1972 à 3 477 aujourd’hui, la mortalité va forcément reculer plus difficilement.
A l’échelle européenne, le nombre de décès est de 25 500 en 2016, soit une baisse de 2% par rapport à l’année précédente. L’Union européenne s’est fixé pour objectif de réduire de moitié le nombre de tués sur les routes entre 2010 et 2020.
On a constaté que seulement 8% des accidents mortels sont survenus sur des autoroutes, tandis que 37% ont eu lieu dans des zones urbaines et 55% sur des routes rurales.
La France, avec un nombre de 54 tués par million d’habitants, est l’un des pays où le taux de mortalité reste légèrement supérieur à la moyenne de l’Union européenne (50).
Audrey Chaussalet