« Les mesures gouvernementales ont participé à l’inflexion de la hausse de la mortalité en 2016 »
Quel est l’impact des mesures mises en place par le gouvernement depuis 2015 ?
Après un cycle de deux années de baisse, la mortalité sur les routes a connu ensuite deux années de recrudescence en 2014 (+ 3,5%) et en 2015 (+ 2,3%).
Le gouvernement a aussitôt réagi en adoptant un Plan d’action pour la sécurité routière, le 26 janvier 2015, suivi, neuf mois plus tard, le 2 octobre, par un Comité interministériel de la sécurité routière. Au total, 81 mesures ont été prises et, aujourd’hui, plus des deux tiers d’entre elles sont d’ores et déjà mises en œuvre ou sur le point de l’être.
Toutes tiennent compte des évolutions intervenues dans notre société : une distraction grandissante en raison de l’usage du téléphone et du smartphone au volant, un repli des réflexes de base qu’on croyait acquis comme le port du casque à moto, ou le bouclage de la ceinture, et une augmentation des comportements dangereux liés à la vitesse et à l’alcool.
La mise en place de ces mesures a participé à l’inflexion de la hausse de la mortalité enregistrée en 2016. Ce n’est qu’un début. Nous attendons beaucoup de l’obligation pour l’entreprise de désigner le collaborateur qui a commis une infraction routière à bord de son véhicule, réglementation mise en place le 1er janvier. Nous espérons beaucoup de la mise en place des radars leurre, de la privatisation de la conduite des voitures-radar et de la généralisation de la vidéo-verbalisation pour faire reculer les excès de vitesse, délits responsables d’un accident de la route sur trois.
Comment s’explique la hausse de la mortalité en mars et avril 2017 ?
Ces chiffres très décevants s’expliquent par une importante augmentation des accidents mortels de motards : 70 motocyclistes ont perdu la vie en avril dernier, soit 27 de plus qu’en 2016. On déplore également 8 cyclistes de plus, tués le mois dernier, par rapport à avril 2016, mais aussi 5 cyclomotoristes supplémentaires.
Nous espérons beaucoup de la mise en place des radars leurre.
Le mois d’avril marque ce qu’on appelle « la saison des motards ». Il faut savoir que, pendant cette courte période qui s’étire jusqu’à la fin du mois d’août, se concentrent près de 60% des accidents mortels à moto.
Le mois dernier a été l’un des plus secs et des plus ensoleillés depuis cinquante ans. Cette météo a été un appel à la première sortie après l’hiver.
Avez-vous analysé les répercussions des campagnes de la sécurité routière ?
Les campagnes de la sécurité routière menées tout au long de l’année font toutes l’objet, avant diffusion, d’un pré-test, où plusieurs déclinaisons créatives sont présentées.
Et, grâce à l’analyse d’instituts d’études d’opinion à différents groupes tests représentatifs de la diversité sociale du pays, nous nous assurons de leur efficacité et de leur bonne compréhension par tous.
Après diffusion, cette communication fait l’objet d’un post-test, c’est-à-dire d’une étude quantitative fouillée.
Ces études établissent que les publics populaires plébiscitent les campagnes de la sécurité routière et s’identifient tout à fait à ceux qui y sont représentés.
Depuis fin janvier 2016, nous avons inauguré une nouvelle signature, avec la stratégie de l’« onde de choc », qui influence encore davantage le grand public en mettant en avant les conséquences dramatiques d’un accident pour tous les proches des victimes – famille, amis, collègues…
Le film « L’Annonce » s’inscrit dans cette nouvelle stratégie : pas d’image choc, mais un témoignage vécu de trois gendarmes qui racontent l’annonce d’un décès à leur proche. Ce court métrage a été vu plus 2,5 millions de fois, tous réseaux confondus, et il a coûté 660 000 euros.
Propos recueillis par Audrey Chaussalet