« Il est important d’harmoniser le Code de la route au niveau européen »
Quelles sont vos priorités comme membre du Conseil national de la sécurité routière ?
Le CNSR réunit les principaux acteurs de la sécurité routière en France pour proposer au gouvernement des mesures concrètes destinées à réduire le nombre de morts sur les routes. J’y apporterai mon expertise en tant que président de la FIA et envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU.
La France a fait d’importants progrès avec un nombre de tués sur les routes divisé par cinq en trente ans, alors que le parc automobile et le nombre de kilomètres parcourus ont été multipliés par trois.
Nous devons poursuivre nos efforts en incitant les gouvernements à faire de la sécurité routière une priorité grâce à un renforcement de la formation et à l’éducation des usagers de la route, une volonté de faire respecter la loi, la mise en place d’infrastructures optimisées, des véhicules plus sûrs et une meilleure organisation des premiers secours.
Le prix des équipements de sécurité des voitures est-il un frein ?
Équiper une voiture de ceintures de sécurité (obligatoire dans la plupart des pays développés) représente un coût inférieur à un euro par ceinture.
Le système e-call permettant à une voiture accidentée d’appeler instantanément les services d’urgence, tout en géolocalisant sa position ne dépasserait pas les 100 euros, selon la Commission européenne.
Des normes européennes ont imposé aux constructeurs automobiles d’intégrer des dispositifs de sécurité comme l’ESP, l’ABS, le rappel de ceinture…
Enfin, le renouvellement du parc automobile peut rendre les voitures sûres rapidement : de l’ordre de neuf ans en France contre vingt ans dans certains pays africains. Ces fortes disparités au niveau mondial entraînent des différences en matière de sécurité.
Qu’en est-il de l’harmonisation européenne de la sécurité routière ?
Il est, effectivement, important d’harmoniser le Code de la route au niveau européen. Bien que les règles de conduite soient très proches d’un pays à l’autre, des différences demeurent.
Favoriser la coopération policière en Europe.
Nous devons faire en sorte que les mêmes règles soient appliquées sur toutes les routes européennes.
Nous devons aussi favoriser la coopération policière entre les pays de l’Union européenne pour que les infractions commises à l’étranger soient sanctionnées non seulement d’une amende (ce qui est déjà le cas actuellement), mais aussi d’un retrait de points correspondants sur le permis de conduire.
Le développement des voitures autonomes sera-t-il un progrès en terme de sécurité ?
L’arrivée des voitures autonomes va permettre des progrès considérables en matière de sécurité routière. Grâce à ces nouvelles technologies, nous pourrons éliminer l’erreur humaine, responsable de 90% des accidents de la route dans les pays développés et donc, à terme, rendre les routes plus sûres.
Cela suppose de multiplier, au préalable, les tests en situation réelle pour concevoir des systèmes infaillibles et faire accepter les technologies autonomes aux usagers de la route encore assez méfiants.
La question de la gestion des données collectées par ces véhicules ne doit pas être éludée. Les consommateurs souhaitent, en effet, savoir comment seront utilisées leurs données, par qui et dans quel but.
Il me semble tout aussi indispensable de mettre en place des infrastructures adaptées à ces technologies ainsi que des régulations pour encadrer leur déploiement.
Enfin, il faut, bien entendu, réfléchir à la notion de responsabilité en cas d’accident : est-ce le conducteur ? Est-ce le constructeur ?
Propos recueillis par Audrey Chaussalet