Biolait, un succès qui dépasse les frontières
Avec 150 millions de litres de lait collectés auprès d’un millier de fermes adhérentes sur 70 départements, Biolait est aujourd’hui devenu le premier opérateur français de lait bio.
Si le bio peut parfois apparaître comme un marché de niche, l’exemple de Biolait démontre qu’il peut aussi s’agir d’une filière, au plein sens du terme, organisée avec efficacité.
Biolait est né, en 1994, de l’initiative de six producteurs de lait bio du Morbihan et de Loire-Atlantique confrontés au refus d’une laiterie d’organiser, vu leur faible nombre, des tournées de collecte intégrant les plus éloignés d’entre eux.
95% des résultats reversés aux producteurs.
Une situation qui les amène à prendre la décision radicale de créer leur propre outil de collecte, mais aussi de mise en marché, afin de structurer une filière en valorisant au maximum leur production. Une démarche qui se traduit par l’achat d’un premier camion, la création d’un GIE et l’intégration dans celui-ci, sur la base du volontariat, des producteurs laitiers bio des départements périphériques.
La collecte va progressivement s’étendre sur l’ensemble de l’Hexagone. Une montée en puissance qui se traduit par un changement de structure juridique, avec un passage en SAS en 2006, et par la signature d’accords de distribution, avec Biocoop en 2000 puis Système U en 2011.
Aujourd’hui, Biolait est devenu le premier opérateur de lait bio de vache en France, et assure une collecte auprès d’un millier d’exploitations adhérentes, soit quelque 150 millions de litres, sur 70 départements. Avec une commercialisation auprès d’une centaine de laiteries, en France mais aussi, pour 20% des volumes, à l’étranger : Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Espagne et Italie.
Une entreprise de l’économie sociale et solidaire
Le succès de l’entreprise, explique Christophe Baron, président de Biolait, réside dans plusieurs facteurs.
La garantie tout d’abord d’un prix nettement plus attractif pour les producteurs, plus de 45 centimes d’euro le litre contre environ 35 centimes d’euro pour le lait ordinaire. Tous les producteurs bénéficient d’un même prix d’achat quels que soit leur situation géographique et leur éloignement des plateformes de collecte. Une valorisation logiquement appuyée sur la croissance de la consommation de lait bio.
Biolait reste par ailleurs fidèle aux principes d’une entreprise de l’économie sociale et solidaire. Au minimum 95% du résultat sont ainsi reversés aux producteurs.
Au-delà d’un accompagnement technique et administratif, notamment pour les exploitations en phase de conversion, les adhérents, tenus informés par un bulletin mensuel, sont associés, dans le cadre d’une « gouvernance partagée », aux décisions à travers leur participation au conseil d’administration et à l’assemblée générale. Des réunions qui permettent aussi un échange d’informations et un partage d’expériences.
Pour assurer son autonomie financière, Biolait a, en outre, créé un fonds mutuel de garantie, alimenté par les cotisations des exploitations adhérentes, avec des versements indexés sur la production, et un système de restitution à partir de la troisième année.
Jean-Marie Constans