Les fermes-usines, bientôt la norme ?
Depuis 2011, la « ferme des mille vaches » situé près d’Abbeville (Somme), soulève une vive polémique, menaçant son fonctionnement. Pourtant, vis-à-vis de la concurrence européenne “ce type de ferme est une réponse pour faire face aux importations de lait”, avaient soutenu des enquêteurs en 2016.
La question des fermes-usines s’est ainsi invitée dans le débat sur l’agriculture.
Inspirés des modèles allemand et scandinave, une trentaine de projets sont actuellement à l’étude ou opérationnels en France. Des élevages de 4 500 brebis, 700 chèvres et 800 veaux dans les Pyrénées-Atlantiques, de 690 000 poules dans le Bas-Rhin, ou encore 25 hectares de serres produisant 50 tonnes de tomates par jour en Charente-Maritime…
Ces exploitations très automatisées permettent, soulignent leurs promoteurs, des économies d’échelle, et offrent pour les élevages, la possibilité de valoriser les effluents via la production d’énergie. Par leur productivité, elles sont censées répondre au déficit concurrentiel des exploitations françaises.
Un productivisme dénoncé par leurs opposants, qui mettent en avant nuisances environnementales, souffrance animale, mais aussi risque d’une financiarisation de l’agriculture à travers des investissements spéculatifs, à l’exemple de certains vignobles ou sols arables.
Pour Philippe Chotteau, responsable du département économie des filières à l’Institut de l’élevage, ce modèle connaît ses limites. Comme en témoigne l’exemple du Danemark, où l’adoption généralisée de ce type d’exploitation, avec une production annuelle moyenne de 1,5 million de litres de lait, se traduit aujourd’hui, compte tenu de la volatilité des prix, par de sérieuses difficultés financières pour des producteurs fortement endettés.
Jean-Marie Constans