La high-tech révolutionne le secteur
Agriculture de précision, objets connectés, robots de traite ou de travail du sol… Le numérique va bouleverser la gestion des exploitations.
A l’occasion du dernier SIMA, le Salon international du machinisme agricole, le groupe Case présentait sa dernière innovation. Un tracteur, entièrement autonome, programmable, sans chauffeur ni cabine. Un prototype encore, mais qui témoigne d’une réalité : les robots sont désormais dans les champs.
Longtemps, l’agriculture avait évolué au rythme lent des saisons et de la transmission d’un savoir-faire traditionnel.
Une soudaine accélération a eu lieu, sous la forme d’une série de révolutions. La première, après la Seconde Guerre mondiale, fut apportée par la mécanisation, et notamment l’arrivée des tracteurs américains du plan Marshall. La seconde, la Révolution fourragère, s’est tenue au début des années 1970, avec le développement des prairies de culture et de l’ensilage.
Des interventions modulées au centimètre près.
Avec l’arrivée du numérique, des capteurs et des robots, une troisième révolution est en cours et bouleverse le travail agricole et la gestion des exploitations.
L’avènement du numérique n’est cependant pas une nouveauté. Depuis de nombreuses années, les agriculteurs travaillent avec leur PC et Internet. Que ce soit pour l’acquisition ou l’échange d’informations, pour communiquer avec leur centre de gestion ou pour mettre en œuvre un site de vente directe.
Mais le numérique a pris une dimension nouvelle avec l’agriculture dite de précision, articulée autour des outils connectés et des capteurs embarqués. Des objets qui font leur entrée dans les champs agricoles. A l’exemple de ces stations météo communicantes, intégrant capteurs de température, d’hygrométrie, de vitesse du vent, etc. Des data qui permettent de réaliser un semis ou un épandage dans des conditions optimales.
Un atout environnemental
Aujourd’hui, l’agriculture de précision a singulièrement pris de la hauteur, elle est mise sur orbite grâce au GPS et aux liaisons satellitaires. Les applications développées par le programme Farmstar (Airbus), ou par des start-up comme DecidAE (lire page 29) en témoignent.
Les interventions modulées quasiment au centimètre, en fonction de la parcelle, représentent un atout majeur sur le plan environnemental et des économies d’intrants.
Les robots font eux aussi partie, depuis une quinzaine d’années, du quotidien des agriculteurs, spécifiquement les éleveurs. Ils sont présents dans les salles de traite, les dispositifs automatiques d’alimentation, l’évacuation des effluents. La nouveauté : ils interviennent dans le travail du sol. En matière de maraîchage d’abord, dans les vignes ou les grandes cultures, avec des capacités multitâches.
Les outils développés en France par des sociétés comme Naïo Technologies ou Carré, sont largement sortis des bancs d’essais. Quelle place vont-ils prendre dans les systèmes d’exploitation ? Au-delà de son prix, encore inconnu, le tracteur autonome de Case pose aussi la question de la place de l’agriculteur du futur : simple pilote à distance ou acteur de terrain au contact direct et quotidien avec son champ.
Jean-Marie Constans