Etats-Unis : La plus grande ferme urbaine verticale du monde
Développée par la société AeroFarms, la ferme verticale de Newark est appelée à produire 900 tonnes de légumes par an, sur un principe de culture hors sol en aéroponie.
A Newark, dans le New Jersey, aux portes de New York, les locaux désaffectés d’une ancienne usine métallurgique, ont radicalement changé d’affectation. Sur 6 500 mètres carrés s’empilent désormais plusieurs étages de cultures légumières qui font aujourd’hui du site la plus grande ferme verticale du monde.
Une ferme urbaine conçue sur les principes de l’aéroponie. Développé par Dickson Despommier, ancien professeur à l’université de Columbia, le concept de fermes verticales repose sur un double constat : la croissance de la population urbaine associée à la raréfaction des terres. Il a pour ambition de permettre le rapprochement de la production et des consommateurs, tout en tenant compte de la nécessité de développer des techniques de culture économes en eau et en engrais.
Des légumes mûrs en une quinzaine de jours.
Conçue par la société AeroFarms, qui a déjà réalisé plusieurs fermes verticales de moindre envergure, celle de Newark est appelée à produire, hors sol, quelque 900 tonnes de légumes par an, salades, choux, pommes de terre et plantes aromatiques dans un premier temps.
Le système d’aéroponie implique d’alimenter les racines, laissées nues, et les feuilles des végétaux grâce à la vaporisation d’une brume chargée de nutriments. La lumière du soleil étant remplacée par celle, artificielle, des LED.
Un système qui présente plusieurs avantages, expliquent les responsables d’AeroFarms. Il permet d’assurer une croissance régulière en toute saison. Avec des légumes portés à maturité en une quinzaine de jours et un potentiel de 20 à 30 récoltes par an.
La culture hors sol réduit les risques de contamination, d’attaques d’insectes et de parasites. Elle évite ainsi l’utilisation de pesticides, ce qui garantit une production bio et sans OGM.
Elle se traduirait enfin, grâce à un dispositif de recyclage, par une économie d’eau de près de 95%, et par un gain de temps de travail conséquent.
Une entreprise très technologique
Si elle se veut relativement proche d’une production en pleine nature quant à la qualité nutritive et gustative de ses productions, la ferme verticale de Newark demeure cependant une entreprise très technologique. Grâce à des capteurs et des outils de télésurveillance, quelque 10 000 données sont collectées à chaque récolte.
Elles doivent permettre de suivre la croissance et l’évolution des plantes, afin d’établir des analyses et des prévisions destinées à adapter en permanence le fonctionnement du système, voire à le faire évoluer pour les cultures ultérieures.
Et l’investissement est particulièrement conséquent : 39 millions de dollars, financés en grande partie par la banque Goldman Sachs et la société d’assurance Prudential. Un élément qui dit bien l’intérêt des investisseurs pour un système qui, s’il ne peut prétendre remplacer l’agriculture traditionnelle, est appelé à se développer. En particulier dans les pays affectés par une pénurie d’eau.
Plusieurs dizaines de fermes verticales sont déjà en activité, ailleurs aux Etats-Unis, en Asie, comme celle de Miyagi, au Japon, qui était, avec 2 500 mètres carrés, la plus importante exploitation de ce type avant celle de Newark. Autre principe mis en avant par les promoteurs de cette dernière, une distribution en circuit court, auprès de restaurants, de commerces, et de particuliers, qui ajoute au bilan carbone positif du projet.
Jean-Marie Constans