Partout, l’espace rural témoigne d’une réalité innovante
La diversité des initiatives, animées par une pluralité d’acteurs, répond à la variété des terroirs et des systèmes de production. De la recherche à l’expérimentation, en passant par le partage de connaissances entre agriculteurs et monde économique, les territoires se réinventent.
Une vallée agricole le long de l’autoroute qui relie l’aéroport de Roissy à Paris… C’est le projet porté par InVivo – premier groupe coopératif français (220 coopératives adhérentes représentant 300 000 agriculteurs) –, sollicité par l’association Paris Ile-de-France Capitale Economique. L’idée est de faire de l’autoroute A1 la vitrine de l’agriculture française. Ainsi InVivo imagine de planter des haies, de creuser des mares, autour desquelles s’étendront des parcelles de blé, d’orge, de colza, des emplacements de maraîchage… et pourquoi pas des vignes, voire du bétail ?
En attendant la concrétisation du projet, l’heure est à l’étude de faisabilité et à la recherche de fonds. Ikea et Vente-privée, présents le long de l’axe routier, pourraient se joindre à l’investissement.
De son côté, l’association les Champs du Possible a fêté en janvier dernier son premier anniversaire. Le concept regroupe sur un même campus installé à Châteaudun (Eure-et-Loir) une ferme expérimentale, un lycée agricole et un village de start-up liées au monde agricole. A l’exemple de la jeune entreprise lilloise Samsys, qui développe une plateforme en ligne ainsi que des capteurs permettant d’optimiser la gestion des flottes agricoles au sein des coopératives d’utilisation de matériel agricole (cuma).
Deux exemples qui témoignent d’une même réalité innovante. Au-delà de ses indéniables difficultés, l’agriculture française bénéficie de réels atouts.
Et le premier réside bien dans cette multifonctionnalité, souvent articulée autour des interactions d’un ensemble d’acteurs à divers niveaux, dans la ruralité et son économie. Une diversité qui demeure fondamentalement liée à celle des terroirs constitutifs de la mosaïque des campagnes françaises, aux productions et aux stratégies de développement spécifiques. Appuyées par des structures, institutionnelles ou non, dont la complémentarité représente, dans une logique partenariale, la meilleure garantie pour la réussite de projets individuels ou collectifs.
Initiatives plurielles, situations diverses
On connaît le rôle, historique, de la coopération. Mais il existe peu de points communs entre la SCAEL*, l’une des plus importantes coopératives céréalières de la Beauce – 1 800 adhérents et 842 millions d’euros de chiffre d’affaires – et la Fromagerie des Cévennes, dans le Gard, avec ses 14 coopérateurs producteurs de Pélardon, ce petit fromage de chèvre traditionnel aujourd’hui classé AOP, et son CA d’à peine plus de 2 millions d’euros.
Si ce n’est une chose : leur fonction essentielle d’animation, de moteur économique du territoire. Et, dans le cas cévennol, de revitalisation, cette région étant largement tombée en déshérence.
Des productions et des stratégies de développement spécifiques à chaque territoire.
Les chambres d’agriculture jouent, elles aussi, leur rôle dans le soutien aux projets de territoires, en synergie avec les collectivités locales.
Par ailleurs, reste fontamentale l’action menée par l’ensemble des organismes qui maillent, en parallèle, l’espace rural : les GVA (Groupements de vulgarisation agricole), les CETA (Centres d’études techniques agricoles), qui proposent aux exploitants formations et appui technique, ou encore les CIVAM (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural), qui interviennent dans l’échange d’expériences, la création d’activités agricoles, sociales et culturelles.
L’association Terre Vivante assure, quant à elle, dans les départements de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales, l’animation et l’accompagnement de projets, parfois atypiques, pour des agriculteurs déjà installés ou en cours d’installation.
Des organismes dont l’action convergente reste indispensable au maintien de cette pluralité de modèles qui constitue la véritable richesse de l’agriculture française.
Jean-Marie Constans
* Société coopérative agricole d’Eure-et-Loir