Une crise indéniable, des solutions diversifiées
La crise du secteur agricole demeure liée à un ensemble d’éléments convergents, exogènes et endogènes. Un constat qui ne doit pas occulter le dynamisme d’un monde largement ouvert à l’innovation.
Près de 4 millions de canards et d’oies ont été abattus en janvier dernier dans le Sud-Ouest à la suite de la grippe aviaire… A la fin des années 1990, la crise de la vache folle avait durablement affectée la filière bovine. En sera-t-il de même pour la filière palmipèdes gras, qui se relevait à peine de la précédente épizootie?
Les crises sanitaires qui affectent ainsi périodiquement le secteur de l’agriculture ajoutent un facteur conjoncturel aggravant à une situation qui tend à devenir structurelle. Les chiffres des comptes de l’agriculture en témoignent.
Les pôles de compétitivité créent des synergies entre chercheurs, producteurs et industriels.
Les causes de ce phénomène sont multiples.
Exogènes d’abord, avec un déficit concurrentiel tant avec les pays de l’Union européenne qu’avec certains pays tiers, du fait d’un double dumping social et environnemental. L’absence d’harmonisation sociale et fiscale au sein de l’Europe joue dans ce sens un rôle conséquent.
La fin de certaines mesures de protection, tels les quotas laitiers et la baisse des subventions publiques, accentuée par la nouvelle PAC 2014-2020, fragilisent encore les producteurs confrontés à la volatilité des cours.
Endogènes ensuite, avec notamment des prix sur le marché intérieur soumis au rapport de force inscrit dans le jeu des négociations entre distributeurs et producteurs. La superposition d’un ensemble de normes, européennes et nationales, ajoute encore aux difficultés rencontrées par les agriculteurs.
De nouveaux axes de développement
Au-delà de ce constat, le monde agricole témoigne pourtant d’un dynamisme, articulé autour d’un ensemble diversifié de stratégies, qui constituent autant d’axes de développement.
A côté d’une agriculture conventionnelle qui a fait ses preuves, le bio et la vente en circuit court enregistrent une croissance notable.
De l’autre côté du prisme, les projets ou les réalisations de structures de production à haute capacité (les fermes usines) s’inscrivent dans une logique de rationalisation du process de production.
Le développement des cuma (coopératives d’utilisation de matériel agricole), à travers un investissement matériel partagé, répond à un autre impératif : la réduction des charges d’exploitation, donc de l’endettement.
La mise en œuvre de nouvelles pratiques culturales – semis- direct, cultures sous couvert, agriculture de conservation, etc. –, est liée à des objectifs autant économiques qu’environnementaux.
Innovations majeures, le numérique et l’agriculture de précision gagnent du terrain avec les capteurs et les liaisons GPS. Les robots et les outils autonomes sont désormais largement opérationnels. Les pôles de compétitivité dédiés à l’agriculture créent des synergies entre chercheurs, producteurs et industriels, en matière de biotechnologies et de biomatériaux.
La production renouvelable assure un complément de revenu non négligeable pour un nombre croissant d’exploitations.
Enfin, le développement de l’agriculture périurbaine, à l’initiative de nombreuses collectivités, offre de nouvelles possibilités pour le maintien ou la création d’exploitations assurées de débouchés sur un marché de proximité.
Jean-Marie Constans