Arabie saoudite : Une ferme-usine pharaonique dans le désert saoudien
En Arabie saoudite, dans la ferme Almarai, près de 94 000 vaches produisent plus 1,2 milliard de litres de lait par an. Des milliers d’hectares ont été mis en culture afin d’assurer leur alimentation.
«La ferme des 1 000 vaches » ferait ici presque figure d’élevage artisanal. Dans la péninsule arabique, la ferme laitière du groupe agroalimentaire Almarai, propriété du Prince Sultan bin Mohammed bin Saoud Al Kabeer, représente près de 94 000 bovins ! De quoi revendiquer sans complexe le titre de plus grande ferme laitière du monde.
Ces Prim’Holstein produisent, au rythme de 41 litres quotidien par vache, plus de 1,2 milliard de litres de lait par an, destinés à la consommation nationale.
1 000 tonnes de fourrage par jour.
Un troupeau réparti, par groupes de 5 200 vaches, sur un ensemble d’étables en plein désert. Pas question ici, naturellement, de verts pâturages. La stabulation permanente, à l’instar de toutes les fermes-usines, demeure la règle.
Mais les animaux bénéficient d’attentions censées assurer leur bien-être, affirme le groupe. Grâce à des systèmes de ventilation, la température diurne ne doit pas excéder, en théorie, 30 °C, alors que la température extérieure frise souvent les 50 °C. Traites quatre fois par jour, les vaches ont aussi droit à deux douches quotidiennes, quinze minutes après, elles sont sèches.
Dès la traite, le lait est directement dirigé vers une série de tanks réfrigérés, puis vers les unités de conditionnement ou de transformation.
Bien que largement automatisé, l’ensemble emploie 2 750 salariés : des manœuvres locaux, des généticiens, des nutritionnistes et des vétérinaires.
Des millions de mètres cubes d’eau
Un tel système implique des moyens considérables en termes d’approvisionnement, pour l’alimentation du bétail, et de logistique. La nourriture de l’ensemble du troupeau exige en effet pas loin de 1 000 tonnes de fourrage par jour.
Si le groupe se fournit sur le marché international – en fonction des opportunités de celui-ci et également des besoins protéiques des bêtes (tourteaux de soja, d’orge, de maïs…) –, la stratégie développée réside dans un maximum d’autonomie locale.
C’est ainsi que des dizaines de milliers d’hectares ont été mis en culture dans les immensités arides du Hedjaz, à des centaines de kilomètres du site d’élevage. Des cultures qui permettent de récolter 400 000 tonnes de luzerne, 300 000 tonnes de maïs et 30 000 tonnes de foin, lors d’une dizaine de fauches annuelles. 20 000 rotations de camions par an, dans un rayon de 900 kilomètres aux alentours, sont nécessaires à l’acheminement du fourrage.
Des cultures extrêmement dispendieuses en intrants, avec 11 000 tonnes d’engrais par an, mais surtout en eau. Plus de 22 500 hectares sont ainsi irrigués par pivot. Une eau provenant des nappes phréatiques profondes, pompée parfois jusqu’à 1 800 mètres. 430 millions de mètres cubes d’eau sont utilisés chaque année. Ainsi, au total, plus de 350 litres d’eau sont nécessaires pour produire 1 litre de lait au milieu des sables.
Jean-Marie Constans
INFO +
La sécurité alimentaire, devenue une priorité dans la stratégie qatarienne, se traduit par la construction de nombreuses fermes dans le désert. Une dizaine ont déjà été implantées et c’est le Qatar National Food Security Programme (QNFSP) qui finance l’entreprise.