Danemark : Un programme danois, la Raac, séduit la France
Ce dispositif, qui a pour objectif un retour rapide à l’autonomie du patient opéré, permet aussi de réaliser des économies. La méthode commence à se diffuser en France.
Derrière l’acronyme aux consonances un peu barbares se cache un dispositif très bénéfique pour les patients opérés. La récupération améliorée après chirurgie (Raac) a vu le jour au Danemark dans les années 1990 grâce au professeur Henrik Kehlet, qui l’a initialement développée pour les interventions lourdes en chirurgie colorectale et digestive.
Hospitalisation plus courte et complications postopératoires moins nombreuses.
Elle recouvre un ensemble de mesures prises avant, pendant et après l’acte chirurgical, afin d’accélérer la récupération des patients après l’opération. Ils deviennent donc acteurs de leurs parcours de soins.
Ainsi, alors qu’on a longtemps imposé un jeûne préopératoire à partir de minuit, les patients sont désormais autorisés à boire des boissons sucrées jusqu’à deux heures avant l’intervention, ce qui favorise l’élimination des produits anesthésiants.
Plus d’une centaine de services ou d’équipes impliqués
Les pratiques de la Raac, qui ont connu un vif succès dans les pays d’Europe du Nord, commencent à être diffusées en France.
« La Société française d’anesthésie et de réanimation et l’Association française de chirurgie digestive ont émis les premières recommandations pour mettre en œuvre cette méthode dans le domaine de la chirurgie colorectale en 2014, explique Pascal Alfonsi, chef du service anesthésie à l’hôpital Saint-Joseph, à Paris. Nous avons ensuite sensibilisé les autorités sanitaires à ce sujet, ce qui a débouché sur la rédaction d’une note d’orientation par la Haute Autorité de santé. A l’heure actuelle, plusieurs agences régionales de santé, dont celles de Rhône-Alpes et d’Ile-de-France, favorisent le partage des bonnes pratiques mises en place par des centres de référence. »
Plus d’une centaine de services ou d’équipes sont déjà en pointe sur la Raac, à l’image du département de chirurgie thoracique du centre hospitalier d’Argenteuil ou de celui de chirurgie digestive à Amiens : « Le groupe hospitalier Saint-Joseph a fait le choix d’étendre progressivement l’application du dispositif à l’ensemble des services : en plus de la chirurgie colorectale, de l’orthopédie et de l’ORL, la gynécologie et l’urologie vont aussi être impliquées dans cette démarche », se félicite Pascal Alfonsi.
Les groupes d’hospitalisation privés, comme Capio ou Elsan, suivent la même voie.
Un indispensable travail de formation
En plus des bienfaits qu’il apporte au patient, ce dispositif peut se révéler source d’économies pour le système de soins. De fait, la durée moyenne de séjour tend à baisser et le taux de complication postopératoire à régresser.
A titre d’exemple, l’opération colorectale passe de onze à deux jours d’hospitalisation.
Pourtant, des freins limitent encore le développement de la Raac : « Les pratiques sont modifiées et de nouveaux métiers apparaissent, des infirmières assurant, par exemple, les consultations préopératoires pour informer le patient sur la démarche. Tout cela nécessite un important travail de formation des personnels, souligne Pascal Alfonsi, et exige aussi d’améliorer la coopération entre l’hôpital et la ville, car les médecins traitants, les infirmières libérales ou encore les kinésithérapeutes doivent être associés à la démarche et prendre le relais, une fois que le patient rentre chez lui. »
Marianne Di Meo