Des patients étrangers, une nouvelle ressource à exploiter
Environ 60 milliards d’euros et une croissance annuelle de 15 à 20%, voici ce que représente le marché international des soins.
L’Inde, la Thaïlande, la Pologne ou encore l’Allemagne profitent déjà de cette manne, mais la France, elle, reste à la traîne.
Selon France Stratégie, elle accueillerait chaque année moins de 9 000 malades étrangers, soit 0,1% seulement du marché ! Pourtant, son système de santé, qui occupait la première place du classement mondial établi en 2000 par l’Organisation mondiale de la santé, jouit d’une excellente réputation.
En outre, les tarifs pratiqués dans l’Hexagone sont compétitifs : la pose d’une prothèse de la hanche coûte seulement 10 700 dollars, contre 47 000 aux Etats-Unis. Enfin, le délai d’accès aux soins est relativement court, puisqu’il est inférieur à quatre mois pour 93% des opérations chirurgicales programmées.
Un chiffre d’affaires additionnel de 2 milliards par an
Pour l’économiste Jean de Kervasdoué, auteur d’un rapport sur le sujet en 2014, l’accueil de patients étrangers pourrait apporter un chiffre d’affaires annuel de 2 milliards d’euros aux établissements de soins. A condition que la facture soit bien acquittée.
Fin 2014, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a déploré une ardoise de près de 120 millions d’euros.
Créer un organisme de promotion de l’offre de soins.
Pour éviter cet écueil, il est désormais exigé des patients résidant à l’étranger qu’ils règlent leur dû avant d’être hospitalisés. Des dérogations perdurent, toutefois, en vertu d’accords particuliers, avec l’assurance maladie tunisienne, par exemple.
Certains établissements accueillent, de longue date, des malades étrangers. C’est le cas de l’institut Gustave-Roussy à Villejuif (spécialisé dans le traitement du cancer), dont la clientèle est composée de 5 à 7% de patients non français et de l’hôpital américain de Neuilly, où ce pourcentage atteint 25%.
D’autres se sont plus récemment engouffrés dans la brèche. En 2013, l’AP-HP a mis en place une filière particulière d’accueil des riches patients étrangers. Elle a, depuis lors, mis en ligne un catalogue des interventions pratiquées, avec leurs tarifs, qui sont en moyenne 30% supérieurs à ceux appliqués aux patients français. Les cliniques privées comme celle de l’Alma, à Paris, lorgnent aussi ce marché.
Apparition de conciergeries médicales
Une poignée de conciergeries médicales privées, comme France Surgery, SudLife ou Surgical Luxury Concierge, ont même vu le jour. Leur rôle consiste à aider les malades étrangers à organiser leur prise en charge médicale en France, en leur proposant une offre clés en main : orientation vers un établissement de soins avec lequel les tarifs sont négociés, assistance administrative pour l’obtention du visa, recherche d’un interprète et d’un hôtel, etc.
« Pour attirer cette patientèle de haut niveau, il est nécessaire de disposer de l’appui public », insiste néanmoins l’Ifrap*. Le rapport Kervasdoué juge ainsi opportun de créer un organisme de promotion de l’offre de soins, qu’il propose de baptiser « Medical-France ».
Autres pistes évoquées : une procédure accélérée d’obtention des visas pour les touristes médicaux, la mise sur pied de pôles de spécialisation reconnus, ou encore le rapprochement des structures hôtelières et hospitalières..
Marianne Di Meo
* Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques.