Télémédecine, robotique… des innovations à développer
Les adaptations organisationnelles et technologiques du secteur hospitalier sont « affreusement lentes, regrettent les économistes Christophe Marques et Nicolas Bouzou dans leur rapport à la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), freinées par un cadre réglementaire rigide, des structures lourdes et des ressources financières limitées ».
La télémédecine témoigne de cette force d’inertie. Pourtant, ses avantages sont multiples : désenclavement des zones éloignées des grands centres hospitaliers, réponse, même partielle, à la désertification médicale.
La télémédecine peut, en outre, dégager des économies substantielles, en matière de transport des malades, par exemple.
Pour pallier la faiblesse de l’offre de soins sur l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon, une convention de télémédecine vient ainsi d’être signée entre le centre hospitalier insulaire et le CHU de Rennes. L’accord devrait limiter les évacuations sanitaires en substituant les consultations spécialisées vers la métropole : 12 000 euros contre 300 euros par acte de télémédecine.
De même, la généralisation de la télésurveillance pour les insuffisants cardiaques réduirait le recours à l’hospitalisation avec, à la clé, une réduction des dépenses d’un milliard d’euros à l’échelle nationale.
Dernièrement, le CHU de Nancy a constaté que deux tiers des appels au Samu en provenance des maisons de retraites seraient évitables s’ils étaient remplacés par des actes de télémédecine.
Malgré la pression de la Fédération hospitalière de France (FHF) pour généraliser le procédé, le ministère de la Santé avance prudemment. Le programme Etapes prévoit seulement une expérimentation du dispositif pour un nombre limité de cas de figure (affections longue durée, résidents des structures médico-sociales, etc.).
Alors que le PLFSS 2017 proroge d’un an le financement des actes de télémédecine, le manque de financement pérenne rend les expérimentations dépendantes du bon vouloir des agences régionales de santé (ARS).
Certains praticiens réclament de remplacer ces subventions forfaitaires accordées par les ARS par un remboursement à l’activité, c’est-à-dire pour chaque acte pratiqué à distance. Encore faudrait-il convaincre l’Assurance maladie que ce n’est pas une dépense supplémentaire, mais une efficience nouvelle.
A Mayotte, les échographies par télémédecine n’étant pas remboursées par la Sécurité sociale, on pratique des évacuations sanitaires par avion vers La Réunion. Le prix du transport en avion étant remboursé par l’Assurance maladie !
De plus en plus de machines en salles d’opération
Augmentation de la précision des gestes du chirurgien, procédures moins invasives et, par conséquent, diminution du risque d’infection… les bénéfices cliniques de l’assistance robotique sont réels.
Selon Reuters, aux Etats-Unis, d’ici cinq ans une intervention chirurgicale sur trois sera réalisée avec l’aide des robots. En France, le coût élevé de ces machines tend à freiner leur adoption.
12 000 euros pour voir un spécialiste contre 300 euros par télémédecine.
Le robot français Rosa (société Medtech, rachetée par les Américains en 2016) qui guide la main du chirurgien dans les opérations du cerveau peut ainsi atteindre 500 000 euros. C’est pourquoi, les auteurs du rapport de la Fondapol préconisent le recours aux fonds privés via des obligations d’un nouveau type, les health impact bonds.
Marianne Di Meo