Organiser une meilleure collaboration entre médecine de ville et hôpital
Soulager les urgences passe par une revalorisation de la place du médecin traitant et par une meilleure coordination des personnels de santé.
Le constat est partagé par tous : trop de patients se rendent aux urgences alors qu’ils n’ont rien de grave. Conséquence directe : en quinze ans, le nombre de passages aux urgences est passé de 9 à 20 millions !
C’est une explosion que la France semble découvrir à chaque épidémie ou canicule, lorsque le système s’enraye, submergé par l’afflux de patients.
Les raisons de cet engouement pour l’hôpital résultent de plusieurs facteurs : une approche consumériste des patients, le vieillissement de la population et la désertification médicale.
500 ou 300 M€ d’économies pour l’Assurance maladie en réorientant les flux des urgences.
Plus de six personnes sur dix se rendent aux urgences sans avis médical au préalable. Il faut dire qu’obtenir un rendez-vous chez un médecin spécialiste libéral demande aujourd’hui en moyenne 61 jours…Il est donc plus facile de se rendre à l’hôpital qui offre, 24 heures sur 24, un service ouvert à tous et complet, alliant la consultation et les bilans biologiques, et examens complémentaires…
Mais ce service a un coût : 161,50 euros par passage aux urgences, selon la Cour des comptes (rapport de la Sécurité sociale de 2014).
Il en découle un engorgement accru des urgences et, çà et là, une dégradation de la qualité des soins.
Les magistrats de la Cour des comptes ont évalué à 3,6 millions le nombre de passages évitables, chaque année : « Une réorientation de ce flux vers la médecine ambulatoire pourrait se traduire pour l’Assurance maladie, toutes choses égales par ailleurs, par des économies de l’ordre de 500 ou 300 millions d’euros », notaient les magistrats.
Pour y parvenir, il est primordial de remettre le médecin traitant au centre du système, en particulier pour les malades chroniques qui représentent aujourd’hui plus de 10 millions de patients.
Un manque d’organisation
La France souffre d’un manque flagrant de coordination et de fluidité dans le système de soins.
Pour preuve, près de huit médecins sur dix affirment souhaiter des coopérations plus étroites entre la ville et l’hôpital, selon l’Ordre des médecins. Dans un rapport intitulé « Construire l’avenir à partir des territoires », l’instance ordinale propose notamment de mettre en place un échelon territorial unique pour améliorer la coordination des soins ou encore d’élaborer des protocoles de coopération entre le médecin traitant et les autres professionnels de santé.
L’Ordre des médecins suggère aussi de généraliser un numéro d’appel ville-hôpital pour permettre l’hospitalisation directe des patients sans passer par les urgences. Décloisonner la ville, l’hôpital et le médico-social, c’est une évolution qui apparaît plus que jamais nécessaire.
Anne Prigent
Le DMP sur les rails
Expérimenté dans huit départements et la ville de Bayonne, le dossier médical partagé (DMP) devrait être généralisé en 2018.
Le DMP est un élément indispensable à la coordination des professionnels de santé autour du patient. Tout comme la mise en place de messageries sécurisées entre professionnels telles que MSSanté qui permettent l’échange de données.