Le virage ambulatoire révolutionne l’hôpital
Un nombre croissant de patients rentrent chez eux le jour même de leur opération. Principal intérêt : le confort du patient avec, à la clé, des économies pour le système de santé.
Moins de nuitées à l’hôpital et davantage de suivi en ville : cette année, l’assurance maladie compte économiser 390 millions d’euros grâce à la chirurgie ambulatoire. Ces hospitalisations de moins de douze heures, sans hébergement de nuit, sont appelées à se multiplier.
En 2020, la chirurgie ambulatoire devra représenter 66,2% des interventions.
De fait, certains indicateurs « contrarient » les pouvoirs publics, en particulier, le montant des dépenses hospitalières qui totalisent 42% de l’ensemble des dépenses de santé, contre 38% en moyenne dans l’Union européenne.
Aussi les autorités de santé souhaitent-elles que, d’ici à 2020, la part de la chirurgie ambulatoire représente 66,2% de l’ensemble des interventions chirurgicales sur le territoire. La marge de progression reste importante puisque, l’an dernier, seuls 54,5% des patients opérés sont rentrés chez eux le jour même.
Un nombre croissant d’interventions éligibles à l’ambulatoire
Pour le professeur Corinne Vons, présidente de l’Association française de chirurgie ambulatoire (Afca), il faudrait se montrer plus ambitieux et viser 70% de chirurgie ambulatoire.
« Grâce au développement des techniques non invasives et de la Raac (1) (voir p.31), de plus en plus d’interventions chirurgicales deviennent éligibles à l’ambulatoire, observe Corinne Vons. Pour la prostate, on pratiquait auparavant un curetage qui entraînait un saignement dans les urines pendant plusieurs jours. Aujourd’hui, avec l’utilisation du laser ce genre d’inconvénient a disparu et les patients sortent le soir même de l’intervention. »
Même des opérations lourdes, comme la pose de prothèses de hanche, peuvent être effectuées en ambulatoire.
Les habitudes des médecins et des patients doivent changer
Malgré tout, de nombreux obstacles restent à surmonter.
Pour l’agence régionale de santé (ARS) du Grand Est, le virage ambulatoire représente « un véritable challenge à relever collectivement » et il faut opérer une « révolution culturelle à grande échelle » en impliquant les patients, les professionnels et les institutions.
Même son de cloche du côté de l’Afca où un certain nombre de chirurgiens et d’anesthésistes sont encore réticents… faute de formation : « L’ambulatoire exige des savoir-faire particuliers comme les différents produits anesthésiants pour un réveil rapide, le contrôle de la douleur postopératoire ou encore l’utilisation du jeûne moderne (2).
Or, l’enseignement de la chirurgie ambulatoire n’est toujours pas intégré dans les cursus universitaires, déplore le professeur Vons : « Les patients sont habitués à se faire dorloter, alors qu’il faut, au contraire, les stimuler pour que leur état de santé s’améliore ! »
Autre enjeu majeur : adapter les structures hospitalières. Les aménagements prévus pour la chirurgie conventionnelle ne correspondent pas, en effet, aux besoins de l’ambulatoire avec des flux de patients plus importants. Il faut aussi développer l’interface entre l’hôpital et la médecine de ville (médecins et infirmières) pour assurer le suivi des patients..
Marianne Di Meo
(1) Récupération améliorée après chirurgie (cf. p. 31)
(2) Possibilité de boire des boissons sucrées jusqu’à deux heures avant l’opération.
INFO +
Début de l’ambulatoire
• 1970 : USA , Royaume-Uni, Canada
• 1991 : France