Des mesures pour fidéliser le personnel hospitalier
Comme en témoignent les démissions en nombre de médecins urgentistes à Avignon et à Dreux, certains hôpitaux traversent de graves difficultés.
Le rapport 2013 du parlementaire Olivier Véran constatait portant que le nombre global des médecins hospitaliers était suffisant pour couvrir le territoire.
Le malaise s’explique par la pénurie de certains spécialistes : anesthésistes, radiologues et urgentistes, trois spécialités caractérisées par une forte pénibilité, des tensions démographiques et un grand écart de rémunération entre public et privé. En anesthésie-réanimation, où 30% des postes seraient vacants, les praticiens gagnent trois à quatre fois plus dans une clinique, sans avoir à assurer des gardes de nuit ou de week-end.
En anesthésie-réanimation, les praticiens gagnent trois à quatre fois plus dans une clinique
Pour résoudre ce problème, Marisol Touraine a annoncé, fin 2016, l’entrée en vigueur de mesures visant à renforcer l’attrait de l’exercice médical à l’hôpital public.
Au programme : diverses incitations financières, parmi lesquelles des primes allant de 10 000 à 30 000 euros pour les jeunes médecins exerçant dans des zones tendues, ou encore pour les services ayant un nombre important de postes vacants (anesthésistes, radiologues).
En attendant que ces mesures portent leurs fruits, l’hôpital a recours à l’emploi temporaire. C’est un coût exorbitant pour des établissements constamment poussés vers plus d’efficience : 260 euros nets par jour pour un praticien hospitalier contre 650 euros nets en intérim. Le rapport Véran chiffre à 500 millions d’euros par an le coût des intérimaires.
Les comptes épargne-temps atteignent des niveaux records
A tout cela s’ajoute, la hausse continue de l’activité et la mise en place des 35 heures : « Contrairement à ce qui s’est passé dans les grandes entreprises, l’instauration des 35 heures à l’hôpital n’a pas entraîné de réorganisation du travail ni de création de postes du fait des contraintes budgétaires, mais plutôt des problèmes de management, constate Philippe Laurent, président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT) et auteur d’un rapport sur le temps de travail des agents publics.
Cette situation de sous-effectifs chroniques est d’ailleurs attestée par le niveau élevé d’heures supplémentaires, dont certaines ne sont pas payées, et par l’importance des comptes épargne-temps (CET), qui constituent une dette des hôpitaux à l’égard de leurs salariés. »
On mesure l’ampleur de cette désorganisation et des coûts qui en résultent à la lecture des comptes des établissements publics de santé.
A leur bilan, on constate, en effet, que la masse des comptes épargne-temps « non consommés » des personnels médicaux et non médicaux a obligé à passer un montant record de provisions, d’environ 1,4 milliard d’euros à fin 2013, selon la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) : « Ces tensions sur les questions de personnel entraînent un mal-être au travail et risquent d’avoir des conséquences néfastes sur la qualité des soins dispensés », alerte Philippe Laurent.
Marianne Di Meo