QUESTIONS À… Frédéric Bizard* Économiste, enseignant à Sciences Po-Paris
L’hôpital va mal, comment le réformer ?
Il n’y a pas eu de réforme structurelle de l’hôpital depuis les années soixante. Sa refondation réclame un véritable plan stratégique à dix ans.
Si l’hôpital est en crise, ce n’est pas un problème de moyens, mais d’allocation des ressources. Il s’agit de repenser la place de l’hôpital dans un nouveau système de santé, de redéfinir ses missions.
Quelles devraient être ses missions ?
L’hôpital doit se recentrer sur ses missions fondamentales : la recherche, la formation, l’excellence, la complexité et l’accueil des patients très fragiles.
Les formes d’hospitalisation évoluent : de l’hospitalisation classique pour les interventions lourdes, nécessitant des équipements sophistiqués, à la chirurgie ambulatoire qui peut se faire dans des centres autonomes.
Mais, dans le cas de pathologies chroniques comme le diabète, l’hôpital devrait intervenir uniquement en cas de complications ne pouvant être gérées par la médecine de ville.
Parallèlement, tous les médecins n’ont plus à être formés à l’hôpital. Il faut créer des centres universitaires de médecine générale (hors de l’hôpital) destinés à la formation clinique des médecins généralistes.
Quelle gouvernance préconisez-vous ?
Je suis pour une gouvernance unifiée entre la ville et l’hôpital qui s’exercerait par le biais d’une agence nationale de santé pilotée par l’Assurance maladie.
Elle fonctionnerait sur un modèle de démocratie participative, avec un partage des pouvoirs entre les représentants des professionnels de santé et les citoyens. Les tâches régaliennes se recentreraient sur la stratégie nationale de santé, la sécurité sanitaire et la régulation.
Propos recueillis par Anne Prigent
* »Protection sociale, pour un nouveau modèle », éditions Dunod