Les nouvelles technologies vont bouleverser notre système de soins
L’omniprésence du numérique dans nos vies affecte aussi le secteur de la santé. Demain, nous serons les vigies de notre état de santé. Les progrès de la science vont désormais du contrôle par objet connecté aux interventions chirurgicales à l’aide de robots.
Anticipons. En 2030, les objets de santé connectés renforceront la capacité des individus à surveiller leur propre santé. Nos objets du quotidien, semelles de chaussures, balance, lunettes, vêtements, montre… analyseront nos forces et faiblesses. Avec l’explosion des data, chacun deviendra le pivot de sa santé, comparera et notera les établissements de santé sur les réseaux sociaux.
Face à des individus toujours plus avertis, connectés et acteurs de leur santé, les professionnels du secteur personnaliseront la prévention, le traitement, le suivi et seront au plus près des offres de soins. Sur le plan technique, l’impression 3D sera de plus en plus performante. On l’utilise déjà dans la fabrication de prothèses sur mesure, mais aussi d’implants.
Demain, l’impression 3D ira jusqu’à la fabrication de médicaments personnalisés pour des traitements adaptés à chaque patient, voire à la reproduction d’organes. Précurseurs, les Américains ont mis sur le marché, cette année, le Spritam, un antiépileptique, qui est le premier médicament conçu par impression 3D. A l’avenir, il ne s’agira plus seulement d’adapter la forme, comme c’est le cas aujourd’hui, et les doses souhaitées pour chacun, mais de combiner plusieurs médicaments et leur dosage dans un comprimé unique.
Des individus toujours plus avertis, connectés et acteurs de leur santé.
Et même si les robots ont fait leur entrée dans les salles d’opération (lire p. 20), dans moins de vingt ans, les actes chirurgicaux feront de plus en plus appel à l’assistance robotique. Le numérique et l’utilisation de la télémédecine, amplifieront cette révolution.
Enfin, les innovations de rupture transformeront radicalement l’organisation des soins, pour les rendre plus sûrs et plus efficaces, voire anticiperont les pathologies en renforçant la prévention. Avec l’arrivée du séquençage de notre génome et la connaissance de nos risques, le parcours de soins devra permettre de nous maintenir le plus longtemps possible en bonne santé.
A condition que l’on règle les questions éthiques d’une médecine prédictive. Qui sait comment peut réagir une personne à qui l’on apprend le risque de développer une maladie dégénérative ? Et si cette information était souhaitée, elle renseigne aussi sur le même risque encouru par les membres de sa famille
L’hôpital poursuit sa révolution numérique
Coordination des parcours de santé, entrée dans le virage ambulatoire, égalité d’accès aux soins… l’enjeu pour l’hôpital est désormais dans sa capacité à collecter et à exploiter les données.
Il exige de porter les efforts sur l’infrastructure et les ressources informatiques.
Depuis 2013, le programme Territoire de soins numériques (TSN) complète celui de l’hôpital numérique lancé en 2011. De fait, de grandes directives émergent du plan hôpital numérique, en particulier la coordination de l’ensemble des acteurs (établissements de soins, agences régionales de santé, administration centrale, industriels) autour d’un tronc commun des systèmes d’information hospitaliers.
Et cette numérisation de la santé passe aussi par l’informatisation des résultats d’imagerie, de biologie, la prescription électronique ainsi que la qualité et la sécurisation des données, condition indispensable à une meilleure coordination des soins.
Sur ce dernier point, le gouvernement veut accélérer la simplification des démarches des patients comme la prise de rendez-vous en ligne ou le suivi à domicile après une opération. Pour y parvenir, 2 milliards d’euros à destination des hôpitaux seront débloqués (2017-2021) dont 750 millions d’euros seront consacrés au numérique et aux outils de coordination autour du parcours de soins.
Marianne Di Meo