La civic tech, le civisme à l’heure du numérique
Connaissez-vous la civic tech* ? En cette période de turbulences électorales, de nombreuses start-up se lancent dans l’arène politique via Internet. Leur but : renforcer la démocratie.
En octobre dernier, un espace leur a été dédié au cœur du 2e arrondissement de Paris, le Liberté Living-Lab. Il s’inspire du Civic Hall installé à New York début 2015 ou encore des espaces de coworking civiques de San Francisco ou de Madrid.
Parmi les plus anciennes start-up citoyennes, Change.org, lancée en 2007 par un Américain, est une plateforme internationale de pétitions suivie par 100 millions d’internautes. En France, par exemple, elle a recueilli 1 million de signatures pour le retrait de la loi Travail.
Voxe.org a, quant à elle, été créée en 2012 par des Français, elle entreprend d’expliquer les enjeux électoraux aux jeunes. Son comparateur de programmes a été utilisé par 3 millions de personnes.
Plus récente, Make.org se veut le « lobbyiste » des internautes : elle propose de faire émerger des idées citoyennes, puis de mettre en relation leurs porteurs avec un parti politique ou une association.
Reste à financer ces initiatives souvent à la frontière entre association et entreprise. La concurrence est rude et, une fois les subventions publiques et privées dépensées, le financement est difficile à trouver.
L’application mobile GOV, forum de débat et instrument de mesure de la popularité des hommes politiques, veut ainsi négocier la vente de ses données aux instituts de sondage ou aux partis politiques.
De quoi faire grincer les dents de certains militants, comme l’association Regards citoyens qui regrette le mélange des genres entre civisme et business.
Innovante et séduisante, la civic tech sera-t-elle pour autant un réel facteur de renouveau civique ?
On peut en douter lorsque Thierry Vedel, chercheur au CNRS et au Cevipof, explique que seuls 12% des jeunes citoyens utilisent les réseaux Internet à des fins politiques.
Félicité de Maupeou
* Civic technology, ou technologie civique.