« L’engouement pour les applications de signalement ne cesse de croître »
Un peu partout fleurissent des applis permettant d’attirer l’attention des services concernés sur des dégradations ou des anomalies dans l’espace public. Exemple, avec TellMyCity, développée par l’entreprise Spallian.
Comment fonctionne l’application TellMyCity ?
Créée en 2014, TellMyCity permet aux citoyens de signaler des anomalies comme un trou dans la chaussée, sans avoir à envoyer un courrier ou à appeler la mairie. Il suffit de prendre une photo accompagnée éventuellement d’un commentaire. La géolocalisation identifie le lieu et l’application envoie l’information directement au service concerné. Celui-ci communiquera ensuite le suivi du signalement à la personne l’ayant fait remonter. Chaque collectivité peut adapter l’outil en fonction de ses besoins. Les villes balnéaires, par exemple, peuvent installer une catégorie « pollution sur la plage ».
Comment cette offre est-elle accueillie par les élus ?
Aujourd’hui 60 communes, depuis des grandes agglomérations, comme Nîmes Métropole, jusqu’à des communes de 5 000 habitants, en sont équipées. Leur nombre ne cesse de croître depuis 2014, avec une accélération ces derniers mois. Elles payent de 400 à 700 euros par mois selon leur population, pour obtenir ces informations liées principalement à la propreté, la voirie, l’éclairage urbain ou les espaces verts. L’application est également un outil d’aide à la décision. En effet, grâce à notre cartographie, les collectivités peuvent orienter leurs actions sur les zones touchées. Ainsi Argenteuil organise des réunions publiques dans les quartiers où les signalements sont nombreux afin de sensibiliser les habitants. En moyenne, entre 5 et 10% de la population utilise de manière active TellMyCity. Néanmoins, l’objectif n’est pas d’augmenter le nombre d’usagers, mais plutôt de pouvoir compter sur un noyau fiable. En cas de signalements abusifs, nous invitons la mairie à contacter directement son auteur et, en dernier recours, à bloquer l’accès de son téléphone à l’application.
Quid de leur utilisation ?
Notre atout est de proposer une technologie 100% française : nous créons nos propres outils et pouvons donc assurer la sécurité des données. D’autre part, ces données stockées dans l’Hexagone sont la propriété des collectivités : il n’est donc pas question pour nous de les vendre. En outre, elles sont anonymisées, nous connaissons juste l’adresse mail de la personne ayant fait le signalement. Quant aux images, la réglementation nous contraindra sûrement bientôt à les détruire. Pour éviter tout risque de délation, l’application ne disposant pas de mécanisme de floutage des visages, nous comptons sur l’adhésion des utilisateurs à notre charte, qui interdit de tels comportements. Pas question d’utiliser l’application pour un tapage nocturne ! Les collectivités s’engagent contractuellement à respecter les conditions d’usage des données. Dans certains cas cependant, c’est à elles d’arbitrer. Ainsi, après le signalement d’un arbre non élagué hors de la voie publique, elles peuvent décider de ne rien faire ou de contacter le propriétaire pour l’inciter à agir.
Propos recueillis par Félicité de Maupeou
Un risque de délation ?
Une photo ou une adresse postées sur ces applications pourraient permettre d’identifier les auteurs des comportements inciviques. Dans ce cas-là, l’auteur du signalement s’expose à des poursuites pour diffamation. Afin de pallier ce risque, certaines applications floutent les visages.