Chine : L’empire du Milieu blackliste ses citoyens turbulents
Contre les incivilités, la Chine utilise la manière forte. En février 2016, cinq compagnies aériennes chinoises (China Airlines, China Eastern Airlines, China Southern Airlines, Hainan Airlines et Spring Airlines) ont établi une liste noire des passagers turbulents.
Pendant un à deux ans, les « blacklistés » auront un accès restreint à certains services des transporteurs.
Menaces et agressions sur le personnel navigant ou aux guichets, bagarres dans l’aéroport ou dans les avions, tentatives d’entrer dans le cockpit ou d’ouvrir les portes de secours, mais aussi colportage de fausses informations relatives à des attaques terroristes… Tous ces comportements sont maintenant passibles d’une inscription sur la fameuse liste.
Des passagers fauteurs de troubles
Une politique répressive qui tente de répondre aux comportements déviants de certains voyageurs chinois, dont beaucoup, ces dernières années, prennent l’avion pour la première fois, après l’amélioration du niveau de vie et la démocratisation des transports aériens.
Plusieurs incidents ont ainsi fait la une des journaux, comme le jet d’un verre d’eau brûlante sur une hôtesse de l’air par une passagère chinoise mécontente de ne pas être assise à côté de son mari. Le vol de la compagnie thaïlandaise AirAsia avait dû faire demi-tour ! Ou encore l’ouverture de l’issue de secours d’un Boeing prêt à décoller par un voyageur chinois, retardant le vol de 30 minutes !
Lisser l’image du pays à l’étranger
Mais cette politique de lutte contre les incivilités ne se limite pas aux aéroports. Avec l’explosion du nombre de touristes chinois – 10 millions en 2000, 83 millions en 2012 et 500 millions dans une quinzaine d’années –, on assiste à une montée en puissance de leurs incivilités à l’étranger.
A Louxor, en 2013, un jeune Chinois avait gravé son nom sur le bas-relief d’un temple vieux de plus de 3 000 ans, provoquant une grande émotion dans son pays et une véritable chasse à l’homme par les autorités et la population pour le retrouver.
Plus récemment, des images de touristes chinois prenant des bains de pieds dans les fontaines du musée du Louvre avaient également choqué.
Dans le magazine « Vice », le troisième vice-Premier ministre du pays, Wang Yang, s’emportait : « Ils font du vacarme dans les espaces publics, gravent des mots sur des sites touristiques, traversent la rue quand le feu est rouge, crachent, et bien d’autres choses non civilisées. Cela porte atteinte à l’image du peuple de notre pays et fait mauvaise impression ! »
Après avoir édité un guide de « bonne conduite à l’étranger », Pékin hausse donc le ton.
Félicité de Maupeou