Les mouvements citoyens peinent à entrer dans l’arène politique
Un nouveau civisme émerge : plutôt que de se contenter du rôle d’électeur, certains se veulent désormais acteurs des institutions démocratiques. A la veille des élections, des mouvements politiques citoyens fleurissent. Mais être élu ne s’improvise pas.
Plus de 82% des Français estiment que les politiciens sont corrompus, tandis que 91% considèrent la démocratie comme un bon moyen de gouvernance. Le rejet des hommes politiques coexiste donc avec un attachement au système démocratique et notamment au vote (selon le Baromètre de la confiance politique du Cevipof).
Une brèche dans laquelle s’engouffrent de multiples mouvements politiques citoyens qui veulent peser dans les prochaines élections, présidentielle et législatives.
Une kyrielle de mouvements… mais peu de résultats
A nous la démocratie ! proposera ainsi des candidats aux législatives de 2017 autour d’un programme restreint de six propositions. Pour se présenter, un mail et la signature de la charte du mouvement suffisent.
Même objectif pour Ma Voix, né en septembre 2015, dont la méthode est originale : les aspirants à un siège de député seront tirés au sort après une formation gratuite via des cours en ligne.
Ces initiatives veulent faire entendre la parole du peuple, sans hiérarchie.
Refusant toute idée d’homme providentiel, ces initiatives veulent faire entendre la parole du peuple, sans hiérarchie.
Il leur est pourtant difficile d’échapper à la personnification, comme le montre l’association Les Citoyens, créée autour de l’écrivain militant Alexandre Jardin, qui a annoncé sa candidature à la présidentielle en décembre dernier. Il n’a pas obtenu les 500 parrainages d’élus nécessaires.
Tout comme la gagnante de la primaire ouverte à tous organisée par le groupe La Primaire. Charlotte Marchandise, une Rennaise de 42 ans, ne pouvait compter que sur 60 000 euros de dons pour sa campagne.
Faire de la politique citoyenne s’avère difficile. Certains ont abandonné l’idée, comme le mouvement La Transition, fondé en janvier 2016 : un an plus tard, ses membres ont rallié Emmanuel Macron.
Complexité et responsabilité
Or si ces initiatives bénéficient d’une proximité avec les citoyens, les représentants sont-ils pour autant suffisamment compétents ?
Le parti Allons Enfants veut ainsi présenter 100 candidats de moins de 25 ans aux prochaines législatives. Créé en 2013, il a obtenu 15,4% des voix et deux sièges au conseil municipal de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) l’année suivante. Il est suivi sur Facebook par 7 659 personnes et ses 50 membres actifs co-construisent actuellement leur programme.
Témoins d’une vitalité démocratique certaine, ces mouvements peinent néanmoins à proposer un nouveau civisme car « en réalité, on ne s’improvise pas élu (…) la professionnalisation [des représentants] est rendue indispensable du fait de la complexité et de la responsabilité grandissante en matière juridique », conclut Martial Foucault.
Félicité de Maupeou