A Cannes, prévention et sanctions au menu
En mars 2016, David Lisnard présentait devant l’AMF son Plan de lutte prioritaire contre l’incivisme, mis en place à son arrivée à la mairie de Cannes en 2014. Depuis, sa démarche a fait des émules dans plusieurs communes. Quelle est-elle ?
Résolument axé sur la répression, le plan cannois applique également la théorie sociologique de la « vitre cassée », selon laquelle un carreau brisé que l’on ne remplacerait pas entraînerait l’ensemble du cadre de vie dans un cercle vicieux de délabrement général et de délinquance.
Morale de l’histoire : il faut s’attaquer aux plus petits gestes d’incivisme ainsi qu’à leurs conséquences. Comment ?
Un dispositif reposant sur la police municipale
Cannes peut compter sur sa police municipale, la plus importante de France, avec 190 personnes. La ville a aussi décidé de renforcer les pouvoirs des 13 inspecteurs de l’environnement en leur permettant, après l’autorisation du préfet, de patrouiller en civil.
Chaque jour, « pour reprendre en main le domaine public », selon les documents de la mairie, une des neuf zones de la ville est inspectée par le chef du secteur de la police municipale : respect des terrasses, propreté, qualité du revêtement de la voirie ou encore mobilier urbain sont passés au crible.
En outre, trois contrôles antibruit sont réalisés quotidiennement dans tous les quartiers pour lutter contre « les véhicules trafiqués anormalement bruyants », explique le maire. La police municipale est également présente en moyenne trois heures par jour dans les bus.
Le visionnage des images des 524 caméras qui surveillent la ville 24h/24h a, quant à lui, donné lieu à 2 310 interventions contre des décharges sauvages ou encore des jets de détritus.
Autre outil : l’application Cannes civique , qui permet à chacun depuis 2015 de signaler une anomalie. Elle est principalement utilisée contre le stationnement abusif et les encombrants.
Responsabiliser les citoyens
Punir d’une amende « est l’un des moyens de faire prendre conscience aux gens de l’incivisme de leur comportement », explique le maire. En outre, pour responsabiliser les citoyens, 65 personnes ont été condamnées à réaliser des travaux d’intérêt général en 2016, contre 8 en moyenne les années précédentes.
Mais la responsabilisation passe également par la prévention. Depuis mai 2015, les campagnes de communication s’enchaînent. Les premières signalaient – en français, anglais, italien, russe et arabe – les montants des amendes attribuées en cas de flagrant délit d’incivilité, avec des formules telles que « 180 euros ça fait cher la clope », pour le jet de mégots, ou « 375 euros ça fait cher la triche », pour le stationnement sur une place réservée aux personnes handicapées.
La dernière campagne, « Ici commence la mer ! », a pour but de préserver le littoral en expliquant le cheminement des déchets de la terre à la mer.
En plus des affiches, des flyers et des courriers explicatifs ont été distribués dans toutes les boîtes aux lettres.
Prochains outils de prévention en 2017 : en avril, la parution d’un guide du civisme et, en juin, la diffusion, via une chaîne YouTube, de témoignages de citoyens sur le même thème.
Aujourd’hui, le modèle cannois est une référence à partir de laquelle l’AMF a annoncé travailler à un « kit clés en main » pour les maires.
Félicité de Maupeou
INFO +
Entre avril 2014 et janvier 2017, 37 488 procès-verbaux ont concerné des actes d’incivisme, dont :
– 5 154 PV pour des jets de détritus ou des crachats,
– 3 101 PV pour des encombrants (amende maximale de 450 E),
– 883 PV pour des bruits excessifs de véhicule (punis au maximum de 750 E),
– 441 PV pour des tapages nocturnes.