« Les élus nous appellent à la rescousse, mais il est souvent trop tard »
« Réinsuffler des règles de civilités de base, comme se dire bonjour » : c’est l’objectif de Yazid Kherfi, médiateur dans les banlieues difficiles. Avec sa camionnette, il s’installe en moyenne quatre soirées étalées sur un mois dans chaque quartier. Un thé à la menthe et quelques chaises pour réapprendre à se parler et « transformer la violence physique en conflit verbal ».
Une soirée coûte 500 euros à la collectivité. 31 villes l’ont déjà sollicité en quatre ans.
Mais quand Yazid Kherfi est appelé à la rescousse par des mairies démunies, il est souvent trop tard. « Les élus laissent les choses pourrir », regrette cet ancien détenu, qui a passé cinq ans en prison.
Il voit l’incivisme comme un « défi des jeunes aux adultes. Or ces derniers renoncent trop souvent à mettre des limites ». « Je viens provoquer la rencontre, explique-t-il, pas question de devenir une institution, après quatre soirées, je pars. »
L’incivisme est un défi des jeunes aux adultes.
Ensuite, aux collectivités d’agir ! A la tête de l’association Médiation nomade, Yazid Kherfi leur propose des formations. Dans certaines villes, comme Avignon, les médiateurs se rendent désormais dans les halls d’immeubles pour discuter avec les jeunes. D’autres mairies laissent les centres d’accueil ouverts plus tard le soir.
« Les institutions doivent restaurer le lien social ! », rappelle l’acteur associatif. Mais le dialogue ne suffira pas, « il manque une réelle volonté politique de faire vivre les gens ensemble : tout est fait pour nous séparer ».
En outre « les élus doivent faire respecter les règles, or il règne quelquefois une forme d’impunité », regrette Yazid Kherfi.
Félicité de Maupeou