Singapour : La cité-Etat sans pitié contre les incivilités
Amendes records, châtiments corporels, recours massif à la vidéo surveillance : Singapour mobilise les grands moyens contre les incivilités. Une discipline de fer bien
acceptée par les citoyens.
A Singapour, vous ne verrez que très rarement des personnes mastiquer un chewing-gum. En 1992, ils ont tout simplement été interdits ! A l’époque, l’objectif était de lutter contre la fâcheuse habitude des habitants de coller leur gomme à mâcher un peu partout. Depuis 2004, ils sont à nouveau vendus… mais exclusivement sur ordonnance.
De manière générale, l’absence quasi totale d’incivilités, la discipline, la propreté et l’ordre frappent souvent les étrangers découvrant Singapour. Des qualités « peut-être liées autant à la culture de la population, à son adhésion au groupe, à la surveillance mutuelle qui s’exerce entre citoyens, voire à une certaine forme de fierté nationale, qu’à la sévérité des règlements et au “contrôle” politique de la société », constate une mission sénatoriale française effectuée dans la cité-Etat.
Comment s’exerce ce contrôle dans une société souvent taxée de « démocratie totalitaire » ?
13 200 euros d’amende pour un jet de mégots
Dès 1992, la ville lance des campagnes de sensibilisation dans les transports, appelant à la « courtoisie ». Celles-ci incitent les voyageurs à laisser sortir les passagers avant de monter dans les wagons, mais aussi… à sourire !
La politique singapourienne repose surtout sur un volet répressif très strict. Traverser hors des passages piétons est passible d’une amende. Concernant la propreté des rues, jeter par terre un détritus (mégot, papier, canette…), cracher, uriner ou encore « oublier » les matières fécales de son animal, est puni d’une amende allant jusqu’à 670 euros la première fois, 1 340 euros la deuxième fois et 3 350 euros la troisième fois.
En 2015, un homme de 38 ans avait atteint un record en s’acquittant d’une amende de 13 200 euros pour avoir envoyé de sa fenêtre 34 mégots en quatre jours. Identifié par des images de vidéosurveillance, d’ailleurs publiées dans la presse, il a également été condamné à nettoyer l’espace public cinq heures durant.
Des coups de canne contre les graffitis
Pire. Le code pénal prévoit des châtiments corporels pour certaines incivilités. En 2015, deux jeunes Allemands, Andreas Von Knorre, 22 ans, et Elton Hinz, 21 ans, en ont fait les frais. Ils ont été condamnés à neuf mois de prison et trois coups de canne chacun pour s’être introduits par effraction dans un dépôt du métro de Singapour afin de taguer sur 10 mètres une rame.
Traverser hors des passages piétons est passible d’une amende.
Le nettoyage aurait coûté 9 000 euros selon la ville.
Pour éradiquer les incivilités, la cité-Etat peut compter sur les milliers de caméras qui la quadrillent, mais aussi sur des policiers en civil et des patrouilles citoyennes. Celles-ci viennent rappeler les règles aux riverains : ne pas laisser de vélos sur les trottoirs, mais également éviter d’errer dans la rue le soir…
Un ordre sans concession, qui vaut à Singapour cette maxime, notamment de la part des expatriés : « Tout ce qui est amusant est interdit à Singapour » !
Félicité de Maupeou
INFO +
Dans les magasins, les touristes peuvent se procurer des t-shirts ou des mugs avec la plaisanterie « Singapore, the fine city », signifiant à la fois « Singapour, la ville sympa » et « Singapour, la ville des amendes ».