Les espaces publics deviennent producteurs d’énergie
Au-delà des services offerts par les objets et le mobilier urbain connectés, chaussées et abribus deviennent désormais un enjeu en matière d’économie, voire de production d’énergie.
Eléments structurants de la ville, les espaces publics évoluent logiquement au rythme des transformations de celle-ci. Ainsi sont-ils impactés au premier chef par la révolution numérique liée à la mise en œuvre de la ville intelligente. Le développement de l’offre en matière d’objets connectés urbains facilite désormais, même de manière expérimentale, leur intégration dans les politiques d’aménagement. Des réseaux de balises sans contact, tels , les produits du français Connecthings, interagissant avec les smartphones, ou des bornes publiques en libre accès, permettent d’accéder à un ensemble d’informations et de services concernant la vie de la cité. Et au-delà des fonctionnalités destinées à l’information et au confort des usagers, le mobilier urbain permet aujourd’hui de nouveaux usages. Les traditionnels bancs publics eux-mêmes peuvent intégrer à l’occasion, outre une liaison wi-fi, une connectique USB permettant de recharger son portable. Mais le mobilier urbain est aussi appelé à jouer un rôle croissant dans la gestion énergétique de la ville.
Des trottoirs producteurs d’électricité
Les applications les plus communes concernent l’éclairage public, qui représente 50% de la consommation électrique des agglomérations. Associant des LED et des capteurs de présence, les solutions proposées par des sociétés comme Kawantech, Citylone, Diffuselec, ou encore Citilum, permettent de moduler l’intensité lumineuse en fonction du passage des piétons et des véhicules. Des systèmes susceptibles de générer, affirment les fournisseurs, jusqu’à 70% d’économies d’énergie. De nombreuses collectivités, comme Grenoble, Bordeaux ou Aix-les-Bains, ont déjà expérimenté ces dispositifs. Autre technologie innovante : Le Li-fI. A la différence du Wi-fi qui utilise les ondes radio pour communiquer, le Li-fi passe par la lumière. Il permettrait de faciliter la transmission d’informations géolocalisées émises par les municipalités à partir d’un simple éclairage LED. Consommateurs d’énergie, même avec sobriété, les espaces publics pourraient-ils aussi, devenir demain producteurs ? La société islandaise IceWind vient d’installer au centre de la capitale Reykjavik, le premier arrêt de bus au toit muni d’éoliennes. Selon l’entreprise, l’énergie fournie pourrait participer à l’alimentation des prises de courant, du chauffage, des illuminations. En 2011, la ville de Toulouse testait le premier prototype d’un trottoir podo-électrique, développé par une start-up locale, Viha Concept. Un système de dalles montées sur vérins, produisant sous les pas des passants une énergie suffisante pour alimenter un lampadaire. Nul n’étant prophète en son pays, le brevet est depuis parti aux Etats-Unis. Fonctionnant sur un principe similaire, les dalles piézoélectriques de la société anglaise Pavegen, témoignent cependant de la pertinence du procédé avec une centaine de sites équipés dont, en France, la gare de Saint-Omer (Pas-de-Calais).
Vers un éclairage public biologique ?
Produire une source lumineuse grâce à des organismes vivants. Tel est le pari de Glowee, une start-up française qui développe une technique de bioluminescence à partir d’organismes naturels comme le plancton, certaines méduses ou encore les calamars. Leur méthode ? La manipulation génétique de bactéries, inoffensives pour l’homme, et leur mélange à des nutriments afin de former un gel phosphorescent placé dans les LED. En 2016, celle lumière bleutée éclairait jusqu’à 72 heures en continu. A suivre.