Au-delà de la sobriété énergétique, adopter une logique d’économie circulaire
Quels sont les objectifs de votre programme Autonomous Building for Citizens ?
Il s’agit d’un projet en rupture avec l’approche classique d’un bâtiment. Le programme de recherche et développement ABC, pour Autonomous Building for Citizens, repose sur une prise en compte de la dimension « productive » du bâtiment. Au-delà de l’ambition de sobriété énergétique, il s’agit de mettre à profit l’apport des dispositifs de production d’énergie renouvelable – photovoltaïque ou autre –, mais aussi l’eau récupérée – pluviale ou domestique-, et de mettre en œuvre une gestion en circuit court, dans une logique d’économie circulaire. Une démarche qui doit permettre d’atteindre le plus haut niveau du label BEPOS, « Energie 4 », avec un bilan énergétique positif sur tous les usages, susceptible de contribuer à la production d’énergie renouvelable à l’échelle du quartier.
Avez-vous déjà eu l’occasiond’appliquer ce principe in situ ?
Nous avons signé un partenariat avec la ville de Grenoble, qui se traduira par la construction d’une soixantaine de logements, dans le nouveau quartier Presqu’île. Ce projet innovant fera office de démonstrateur. Il a, en outre, été retenu dans le cadre du programme « Investissements d’avenir » EcoCité.
Sur quelles solutions travaillez-vous en matière d’énergie ?
En ce qui concerne le programme de Grenoble, une installation photovoltaïque en toiture doit permettre de répondre à la quasi-totalité des besoins, grâce à des principes constructifs qui assurent une isolation particulièrement performante. Nous avons pu ainsi éviter un chauffage au gaz. Nous avons étudié d’autres dispositifs, comme une hydrolienne positionnée dans la rivière Isère, proche, mais son débit est trop irrégulier pour assurer une production stable.
Nous menons une réflexion sur un point essentiel : le stockage de l’énergie.
Nous menons aussi, de manière plus générale, une réflexion sur un point essentiel : le stockage de l’énergie, réalisable à partir d’un surplus de production pendant les périodes de faible consommation, pour une restitution en fonction des besoins. En mobilisant, par exemple, des batteries lithium, ou des batteries de nouvelle génération, du type « redox flow », qui offrent une haute densité d’énergie pour un faible encombrement. Nous explorons aussi les possibilités offertes par le stockage d’hydrogène solide, fixé sur des hydrures métalliques, utilisé dans un second temps pour alimenter une pile à combustible. Pour le projet grenoblois, nous avons envisagé la méthanisation des déchets ménagers, mais cela s’avérait difficile à l’échelle d’un immeuble. Ceux-ci seront donc dirigés sur l’unité de production de biogaz de la ville.
Avez-vous pris en compte les modalités d’appropriation par les habitants ?
Il s’agit effectivement d’un élément important. L’innovation, dans ce domaine, exige un accompagnement. Pour le programme grenoblois, nous n’avons pas, bien entendu, de retours d’expérience. Mais nous travaillons, en amont, avec des usagers, dans le cadre de groupes de réflexion, pour valider ou infirmer certaines hypothèses. Nous avons pu constater par exemple, qu’une buanderie centrale mutualisée posait un problème d’acceptabilité.