Haro sur les agrocarburants de première génération
Dans le cadre de son paquet « Une énergie propre pour tous les Européens », destiné à réduire les émissions européennes de CO2, Bruxelles souhaite diminuer la part des agrocarburants.
Betteraves, céréales, canne à sucre, colza… les carburants issus de matières premières agricoles – contrairement aux agrocarburants de deuxième génération issus de la bio masse (paille, bois…) –, sont régulièrement décriés par les ONG en raison de leur impact sur la production alimentaire. En décembre dernier, la Commission européenne, lors de la présentation de son paquet « Une énergie propre pour tous les Européens», a donc rappelé les engagements pris à la suite de la signature de l’Accord de Paris sur le climat : réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici 2030, porter la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité à 20% en 2020 puis à 27% en 2030 et, pour les économies d’énergie, passer à 20% puis à 27% dans les mêmes délais.
Pour atteindre ces objectifs, la Commission européenne s’appuie notamment sur l’utilisation des énergies renouvelables dans les transports. Mais pas n’importe lesquelles : les biocarburants fabriqués à base de déchets agricoles et forestiers ou de microalgues. L’incorporation de ces biocarburants dits avancés devra atteindre 3,6% en 2030. À l’inverse, la Comission prévoit une réduction nette de l’utilisation des agrocarburants de première génération. Leur part dans la consommation globale de carburant dans les transports devra passer de 7% en 2020 à 3,8% en 2030. Pour les fabricants d’agrocarburants, c’est un coup de massue. Plus de 12 milliards d’euros ont été investis sur les dix dernières années. En France, ce sont 2 à 3 milliards d’euros et des dizaines de milliers d’emplois qui s’évaporeraient. Les producteurs espèrent désormais que le Conseil et le Parlement européen ne voteront pas cette proposition. Ils attendent au contraire que soit suivie leur recommandation de poursuivre le développement des biocarburants de première génération en portant la part des agrocarburants dans la consommation globale de carburant à 15%. A suivre.