Le bâtiment à énergie positive peine à s’imposer
Pour Emmanuel François, président de Smart Building Alliance (SBA), le smart building ne peut se concevoir que dans le cadre d’une approche globale : conception, construction, fonctionnement et gestion. La conception, tout d’abord, avec la maquette numérique BIM (building information modeling), obligatoire pour les marchés publics de bâtiment dès cette année. Au-delà de la modélisation 3D, le BIM, intègre tous les paramètres constructifs etfonctionnels d’un bâtiment, ce qui permet une gestion en temps réel et une évaluation prospective énergétique (chauffage, clim, éclairage, réseaux, etc.). Le smart building peut ainsi se définir comme un bâtiment à haute performance énergétique, compatible avec l’objectif BEPOS (bâtiment à énergie positive) impératif à toute construction neuve à l’horizon 2020. Le bâtiment devra donc intégrer les dispositifs de production (photovoltaïque, éolien), mais aussi des équipements de stockage (charge des véhicules électriques).
Des services à la carte
Ces fonctions apporteront aux utilisateurs confort, économies d’énergie et optimisation de l’occupation des espaces. Il est d’ailleurs envisageable de passer à un modèle d’abonnement dans lequel la valeur ajoutée sera facturée tout au long de l’exploitation du bâtiment. « Le bâtiment suivra le modèle de la téléphonie : un téléphone est la plupart du temps vendu avec des services », prédit Emmanuel François. Mais les données collectées dans un smart building pourront aussi intéresser d’autres acteurs : « On peut imaginer que le promoteur aille au contact d’assureurs et leur propose des données, pour qu’ils adaptent leurs polices d’assurance », illustre le président de SBA. Demain, le smart building est ainsi appelé à devenir un smart grid local, connecté au smart grid global du territoire afin d’optimiser la distribution, la consommation et le stockage de l’énergie. Aujourd’hui, des habitations peuvent être alimentées en énergie par la chaleur des serveurs des bureaux situés dans le même immeuble. Demain, l’énergie pourra transiter d’un bâtiment à l’autre.
Manque de passerelles technologiques et inertie du patrimoine immobilier
Les smart buildings répondant à ces critères sont encore exceptionnels. A l’exemple du Green Office de Bouygues Immobilier, à Meudon (Hauts-de-Seine), pionnier en matière de BEPOS, du bâtiment Kergrid, réalisé à Vannes par le syndicat de l’énergie et l’association des maires du Morbihan, ou du bâtiment GreEn-Er de l’école d’ingénieurs Ense3, à Grenoble, qui font office de démonstrateurs. Leur mise en œuvre se heurte toutefois à quelques difficultés : le surcoût variable en fonction du niveau d’équipement, ou encore la capacité des occupants à s’investir dans une gestion impliquant une certaine formation. Mais la question principale réside dans la nécessité de développer des passerelles technologiques, des dispositifs communicants, ouverts et interopérables. « Or, constate Emmanuel François, les industriels, soucieux de préserver brevets et propriété de leurs données, demeurent parfois réticents à ces évolutions. » En outre, les bâtiments ayant une durée de vie longue, l’impulsion du changement dans ce domaine est très lente. L’inertie du patrimoine immobilier français est forte : celui-ci n’est renouvelé que d’environ 1% par an.
Bientôt une peinture solaire ?
Une peinture qui capte l’énergie solaire pour la transformer en courant électrique est en cours de développement. A l’avenir, les murs des immeubles pourront générer de l’électricité. En attendant, Tesla, le constructeur automobile, teste ce matériau sur le toit de ses voitures électriques.