La décentralisation énergétique est souhaitable
Le volet énergétique est-il un paramètre déterminant de la smart city ?
Il est possible d’avoir plusieurs approches du concept de smart city, mais l’énergie en constitue sans conteste un élément essentiel. Avec deux objectifs : gérer la ressource au niveau local et avoir la volonté, en termes de consommation, de faire un effort de sobriété. Dans cette perspective, il faut parvenir à faire dialoguer entre elles les diverses sources locales d’EnR. Globalement, la smart city doit être en capacité de prendre en main sa stratégie énergétique dans une logique de plus grande autonomie et de développement durable.
Une politique de décentralisation énergétique est-t-elle réalisable ?
Il s’agit effectivement d’un des nœuds du problème, qui demeure dépendant des situations nationales spécifiques. Cela dit, tous les experts s’accordent sur le fait que cette déconcentration va inévitablement se réaliser. Cela n’exclut pas la mise en œuvre de centrales, photovoltaïques ou éoliennes, de grande capacité pour répondre à des besoins industriels. Mais la question qui se pose n’est pas seulement celle de la décentralisation de la production, c’est aussi celle de la déconcentration du marché. Il faut éviter que la ressource soit accaparée par de grandes entreprises, nationales ou non, et faire en sorte que la valeur ajoutée puisse être investie au niveau du territoire.
Où en est-elle en matière d’innovation énergétique ?
On observe des avancées qui constituent de véritables ruptures. De nombreuses villes expérimentent de nouvelles technologies : géothermie, biogaz, récupération de chaleur à partir des eaux usées, etc. Des systèmes qui se situent au croisement de divers flux.
Alimenter des logements avec le surplus d’EnR.
On commence à utiliser, pour l’hydroélectricité, des dispositifs de stockage locaux : réservoirs, bassins d’orage… Une autre technologie en cours de développement est susceptible de générer une véritable révolution en matière de distribution électrique : les transactions en blockchain. C’est la possibilité, à partir du surplus de production de panneaux photovoltaïques domestiques, d’alimenter directement le voisinage, en circuit court, en peer-to-peer en quelque sorte. Un système déjà utilisé à New York ou par la ville de Delft, aux Pays-Bas, pour alimenter des blocs de logements. En France, plusieurs collectivités s’intéressent à cette technologie.
Accuse-t-on toujours un certain retard dans le développement des smart cities en France?
C’était peut-être vrai il y a quelques années, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Même si les réformes législatives – loi Maptam, loi NOTRe, loi sur la transition énergétique, avec la redéfinition des compétences des collectivités – ont pu ralentir cette démarche. De nombreuses expérimentations sont en cours, à plusieurs niveaux, et plusieurs villes et métropoles ont pris des engagements à long terme. Les Assises européennes de la transition énergétique, qui se tenaient fin janvier 2017 à Bordeaux, témoignent des avancées en la matière.