Smart grids : l’autre volet de la révolution numérique
Gestion améliorée des flux, développement de l’intégration des sources locales de production… Les réseaux communicants optimisent la consommation d’énergie.
Combinés au big data, les smart grids constituent un élément fonctionnel majeur de la ville intelligente. En associant à une infrastructure destinée au transport de l’énergie les technologies de l’information et de la communication (TIC), le réseau intelligent dépasse cette fonction élémentaire de distribution. Et développe une véritable interactivité entre production et consommation.
Le compteur intelligent est l’élément de base des smart grids.
L’architecture d’un smart grid repose sur l’alliance d’un réseau électrique avec d’autres systèmes de transmission : wi-fi, fibre optique, etc. Des dispositifs destinés à collecter et transmettre en temps réel les informations issues des capteurs positionnés sur le réseau. Mais ce sont surtout les plateformes informatiques, assurant en amont le routage, la gestion et le contrôle des flux énergétiques et d’informations, qui donnent au réseau son intelligence. Le smart grid doit ainsi optimiser la production et la distribution d’électricité en fonction de la consommation, et faciliter l’interconnexion avec les sources locales d’énergie. « Ces réseaux vont accélérer le mix énergétique en intégrant davantage les énergies renouvelables, estime Jean-Marie Chevalier, économiste spécialiste des questions énergétiques. Ils vont aussi rendre plus intelligents les consommateurs, en les impliquant dans la gestion de leur consommation. »
Former les usagers
Car l’autre objectif des smart grids réside dans la possibilité pour l’usager de disposer en permanence d’une information sur sa consommation. A condition d’être équipé du dispositif adapté : le compteur intelligent. Ce dernier représente l’élément de base du réseau intelligent. Si tous les réseaux, y compris ceux du gaz, de l’eau et de l’assainissement, associés à des systèmes de télécommunication, sont susceptibles de devenir « smart », le devant de la scène, en France, est aujourd’hui largement occupé par Enedis et son compteur Linky. Le distributeur prévoit d’équiper 90% des usagers d’ici la fin 2021. GrDF, pour sa part, commence cette année le déploiement massif du compteur Gazpar. Ce type d’équipement a pu se heurter à la réticence de certains usagers, au prétexte des risques supposés des ondes électromagnétiques, mais aussi du caractère intrusif de cette technologie. Un frein qui, selon Bernard Lassus, directeur du programme Linky, implique une meilleure information, voire une formation, des usagers. »
Sogrid, le réseau numérique de troisième génération
Dans le cadre du projet Sogrid, un millier de foyers d’un quartier de Toulouse et d’une commune de sa périphérie ont été équipés pendant un an de compteurs intelligents. Ceux-ci ont été associés à 300 équipements (capteurs, data-concentrateurs, coupleurs…) connectés au réseau de 35 kilomètres au total.
Initiée par Enedis et la société STMicroelectronics, l’opération visait à tester en dimension réelle de nouveaux protocoles de communication destinés aux smart grids. L’expérimentation, une première mondiale, consistait à utiliser le réseau de distribution d’électricité comme un réseau télécom numérique, grâce à un courant porteur en ligne (CPL) de troisième génération. Un principe autorisant la transmission directe des données via un réseau basse ou moyenne tension. A l’issue de cette phase de préfiguration, en septembre 2016, cinq brevets, dont deux pour Enedis, ont été déposés. Il s’agit d’une avancée importante dans l’évolution des infrastructures et de la construction, à l’horizon 2030, du futur réseau intelligent.