QUESTIONS À… Valérie Boyer
Quelle est la priorité face à cette épidémie ?
Les chiffres sont hallucinants et pourtant la politique de prévention n’est qu’incantatoire. Il faut faire évoluer notre système en passant de l’assurance maladie à l’« assurance santé », c’est-à-dire sortir de l’exclusivement curatif pour faire du préventif. Cela demande une volonté politique forte.
Mais il ne s’agit pas seulement d’un enjeu de santé…
C’est un problème de société. C’est pourquoi la stratégie de l’Etat doit être plus volontariste pour peser face aux industries agroalimentaires notamment. Les citoyens demandent une plus grande transparence : nous devons en finir avec la tiédeur des chartes non contraignantes sur la composition des produits, par exemple. De même, il faut préserver les enfants des aliments qui leur feraient courir le risque de l’obésité, en encadrant davantage la publicité, comme cela se fait déjà pour les scènes violentes ou pornographiques.
Quid des collectivités locales ?
Arrêtons d’embêter les élus locaux avec des problématiques de santé ! Aujourd’hui, chacun propose des solutions localement, mais il est nécessaire que la réponse à l’obésité se professionnalise. D’ailleurs, ces initiatives locales ne sont jamais évaluées et beaucoup ne relèvent que de l’affichage et de la communication. Nous avons besoin de cohérence, de clarté et de professionnalisme. Il appartient à l’Etat, par la voie du ministère de la Santé, de décider.
*Auteure d’un rapport d’information sur la prévention de l’obésité (2008)