L’open data au secours des consommateurs
Les industriels rechignent à inscrire la valeur nutritionnelle de leurs produits (lire page 24) ? Qu’à cela ne tienne, Stéphane Gigandet a décidé de se passer d’eux pour répondre à « la volonté citoyenne de plus de transparence sur notre alimentation ». Il a créé en 2012 le site Open Food Facts, une sorte de Wikipédia du contenu des rayons de nos supermarchés : chacun peut scanner et partager une photo des produits puis entrer les informations présentes sur l’étiquette (lipides, protéines, sel, sucre…). Un algorithme calcule ensuite leur valeur nutritionnelle. Le produit reçoit une note de A à E à partir de la méthode du professeur Hercberg, nutritionniste et pilote du PNNS. Sur les 66 000 produits répertoriés, environ 30 000 sont aujourd’hui notés. L’idée est de décrypter les informations peu lisibles des étiquettes, mais aussi de comparer les innombrables marques pour un même produit : « pour choisir le paquet de céréales le plus sain, il faudrait passer des heures à tous les examiner.
Un Wikipédia des rayons de nos supermarchés.
Nous réalisons donc des graphiques répertoriant les différents produits avec leur teneur en sucre et en matières grasses : au consommateur de choisir », explique le jeune centralien. Open Food Facts est aussi un moyen de peser sur les industries pour que celles-ci « ne soient plus seulement en compétition sur les prix, mais aussi sur la qualité nutritionnelle ». La base de données, alimentée par environ 5 000 volontaires, est gratuite et ouverte à tous. Plus d’une vingtaine d’applications, à destination des diabétiques notamment, se sont développées à partir de ces informations, ainsi que des projets de recherche scientifique. Comme beaucoup d’initiatives participatives, Open Food Facts se heurte cependant à la question de la fiabilité des données rentrées sur le site : « En effet, il pourrait y avoir des erreurs de frappe et, étant une structure bénévole, nous n’avons pas les moyens logistiques de vérifier, reconnaît Stéphane Gigandet. Mais face à l’opacité qui existe aujourd’hui, nous essayons de faire avancer les choses à l’échelle des citoyens. » A bon entendeur…